Covid-19 : face à Omicron, le masque en extérieur sert-il vraiment à quelque chose ?

Avant même que ne s'achève un énième conseil de défense sanitaire prévu ce lundi 27 décembre pour tenter d’endiguer la cinquième vague de l’épidémie de Sars-CoV-2, le port du masque en extérieur fait son retour en France. Plusieurs départements l'ont déjà mis à l'œuvre durant le mois de décembre, parmi eux, la Savoie, le Loiret, le Var, le Finistère ou encore le Morbihan.

Cela fait désormais six mois que l’obligation de porter le masque en extérieur a été levée en France sur le territoire national. L'un des désormais incontournables « gestes barrière » était très peu apprécié des Français lors de sa première instauration : et pour cause, nombreux étaient ceux qui dénonçaient l'inutilité parfaite de cette mesure pour lutter contre le Covid-19 – en plus de nuire totalement à l'efficacité d'une paire de lunettes.

Un consensus qui n'était pas seulement « populaire » ; certains spécialistes s’étaient même emparés de la question. Interrogé sur LCI le 14 juin dernier, soit peu après le pic de la troisième vague, l’épidémiologiste Antoine Flahault admettait que de façon générale, le masque porté à l'extérieur n'avait « pas beaucoup d'intérêt » car « la plupart des transmissions, si ce n'est la totalité d'entre elles, se passent par des aérosols dans des milieux clos, mal ventilés, bondés, où l'on passe du temps ». Le même jour, le chercheur Pascal Crépey avait expliqué sur Franceinfo que la fin du port du « masque en extérieur ne devrait pas poser de problème » pour les mêmes raisons.

Une valeur symbolique

De fait, l’obligation du port du masque en extérieur s'est apparentée à une mesure symbolique lors des vagues précédentes vagues. En juin dernier, Luc Carvounas, maire d’Alfortville et porte-parole du PS qualifiait justement sur Public Sénat, cette mesure de « symbole » de lutte contre le Covid-19. Autrement dit, c’est une façon de faire passer le message selon lequel la France est confrontée à une nouvelle vague de coronavirus et que les gestes barrière doivent être rigoureusement respectés. En outre, ce type de mesure aurait un « effet incitatif », puisqu’en voyant des personnes porter un masque de protection, le vulgum pecus se sentira obligé de s’y conformer.

Covid-19 : face à Omicron, le masque en extérieur sert-il vraiment à quelque chose ?

Est-ce la raison pour laquelle, ces derniers jours, plusieurs départements français et pays européens (dont l'Italie, la Grèce et l'Espagne) ont réintroduit la mesure ? Où l'arrivée du variant Omicron qui se répand comme une traînée de poudre change-t-elle la donne ?

Récemment deux études scientifiques, l’une britannique et l’autre danoise, ont montré que la contagiosité du variant Omicron était particulièrement élevée, ce que confirme l’infectiologue Jean-Paul Stahl du CHU de Grenoble : « Omicron est cinq à six fois plus contagieux que le variant delta ». Mais le port du masque en extérieur serait-il dès lors plus justifié que lors des vagues précédentes ?

Non, répondent l’épidémiologiste Catherine Hill et l'infectiologue Jean-Paul Stahl. Certes, porter un masque en extérieur peut être efficace dans des rues bondées ou des marchés lorsqu'une certaine distance entre les personnes ne peut être respectée, mais « c’est surtout et encore une façon de dire aux Français de faire attention et que nous sommes confrontés à une nouvelle vague » note le spécialiste. Généraliser le port du masque en extérieur apparaît aussi aux yeux de Jean-Paul Stahl comme une solution de facilité : « Il est difficile de faire comprendre aux gens qu’ils doivent porter le masque dans certaines circonstances et pas d’autres » relève-t-il.

« Une mesurette »

Catherine Hill ose même qualifier cette potentielle généralisation du port du masque de « mesurette » et ajoute que « les gestes barrières n’ont de façon plus générale jamais suffi à contrôler l’épidémie ». Pour cette dernière, il faut insister sur le « dépistage groupé » c'est-à-dire les tests massifs dans les écoles et les entreprises car « lorsqu'on attend que les personnes soient symptomatiques pour les tester, il est déjà trop tard. »

Face au pourcentage de personnes non-vaccinées en réanimation – « plus de 90 % »​​​​​​ selon Jean-Paul Stahl –, ce dernier soupire : « Il commence à y avoir une vraie exaspération à l'hôpital, je n'ai jamais vu ça de toute ma carrière ». Et de conclure,« à moyen terme, la seule solution c'est la vaccination pour tous et dans l'immédiat, il faut à tout prix éviter les rassemblements pour le réveillon du Nouvel an ».

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