Les patients à très haut risque peuvent être vaccinés dès maintenant. Mais les autres, avec pourtant des handicaps parfois lourds ? Des associations tentent de sensibiliser le gouvernement. Mais l'approvisionnement en doses reste un frein majeur...
• Par Handicap.fr / E. Dal'SeccoSi les Français ont un temps semblé récalcitrants à l'idée de se faire vacciner contre le Coronavirus (article en lien ci-dessous), bien plus que nos voisins européens, la ruée vers le vaccin a bel et bien commencé. Le 14 janvier 2021, 56 % se disaient désormais favorables selon les derniers sondages.
La campagne vaccinale change aujourd'hui de braquet et son calendrier évolue au jour le jour. Après les personnes âgées hébergées en Ehpad, c'est au tour de nouveaux publics, depuis le 18 janvier 2021, de pouvoir prétendre à « l'injection salvatrice » (articles en lien ci-dessous). Il s'agit, notamment, des plus de 75 ans à domicile, des personnes handicapées accueillies en FAM (Foyers d'accueil médicalisés) et MAS (Maisons d'accueil spécialisées) et des personnels âgés de 50 ans et plus et/ou présentant des comorbidités qui les accompagnent, ainsi que les patients « à très haut risque de développer des formes graves du Covid-19 » sur prescription médicale sans critère d'âge. Même si « les choix ont été faits sur des bases scientifiques », selon France Assos santé, qui les juge « raisonnables », ces 850 000 personnes, de tous âges, ne représentent pas tous les patients chroniques.
Au sein de cette nouvelle catégorie remontée en phase 1 du calendrier vaccinal, certains handicaps et maladies invalidantes sont concernés : trisomie 21, maladies neuromusculaires à très haut risque ou maladies rares (myopathie, SLA, maladie hépatique rare…). La liste complète publiée par le ministère de la Santé (en lien ci-dessous), nécessairement restrictive, ne suffit donc pas à combler toutes les attentes et à apaiser toutes les angoisses. Jean Luc Corne, référent santé de l'APHPP (Association nationale pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées), est en première ligne. Même s'il consent que « la volonté gouvernementale est de sauver la vie des personnes à très haut risque dans un premier temps compte tenu du manque de vaccins », ce kiné en libéral, spécialiste du handicap, doit faire face à la crainte et à l'incompréhension de certains de ses patients. Il se dit donc « rassuré » que cette liste soit « suffisamment floue »… Selon lui, « le médecin traitant et hospitalier peut en son âme et conscience évaluer au cas par cas le réel risque vital et délivrer donc, ou pas, le certificat médical pour une vaccination prioritaire ».
Certaines associations font entendre leur voix pour réclamer leur part du précieux « butin ». SOS autisme France a été l'une des premières à tirer la sonnette d'alarme, réclamant que les personnes autistes (adolescents ou adultes), notamment celles qui présentent des maladies chroniques, des déficiences immunitaires ou encore des fragilités pulmonaires, puissent intégrer cette première phase. L'association prend en exemple Israël, où « les personnes en situation de handicap ont été vaccinées en priorité, avant même les personnels de santé ». Elle a interpellé le secrétariat d'Etat à ce sujet. La position d'APF France handicap se veut plus modérée, saluant, tout d'abord, l'avancée de la vaccination pour les personnes en établissements : « Nous souhaiterions que toutes celles ayant des vulnérabilités puissent se faire vacciner. Néanmoins, au regard de la pénurie de vaccins et des conditions logistiques, nous devons nous résoudre à accepter des critères de priorisation qui tiennent compte des réalités de mortalité en population générale et des risques de contamination. » Cette question est « au cœur des préoccupations » de nos associations qui agissent dans le domaine du handicap, assure France Assos Santé, qui dit veiller, en lien avec le ministère de la Santé et le conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, « à ce que la priorisation ne soit pas discriminatoire ». De son côté, l'Apajh, même si elle se félicite d'une étape importante, plaide pour une « vaccination massive et rapide des personnes en situation de handicap ». Tout comme la Fédération française des diabétiques, l'Apajh dénonce une « stratégie vaccinale peu claire » et « plusieurs questions peinent en effet à trouver des réponses concrètes et formelles ». La première : quand ces personnes vulnérables pourront-elles toutes être vaccinées ?
L'Apajh revendique par ailleurs une « ouverture rapide de la vaccination à leurs proches » afin de protéger ce public « particulièrement impliqué ». Même son de cloche du côté d'AFM-Téléthon en faveur des aidants familiaux, l'association assurant qu'elle se « bat pour faire évoluer cette décision et permettre leur priorisation ». Jean Luc Corne confirme à son tour le « désespoir des proches qui tremblent à l'idée de rapporter la Covid-19 lorsqu'ils sortent faire des courses ou travailler... ». Rappelons que les professionnels de l'aide à domicile font, eux, partie des cibles prioritaires du 18 janvier ; la FEDEPSAD appelle d'ailleurs les prestataires de santé à domicile, soignants et techniciens, « à se faire vacciner au plus vite dans les centres dédiés ». Pour SOS autisme France, de nombreux proches assumant un véritable rôle de « soignants » devraient, eux aussi, pouvoir bénéficier des mêmes priorités, tout au moins l'un des deux parents. « En cas de Covid de celui-ci, l'enfant dont l'autonomie est réduite se retrouverait totalement démuni », justifie Olivia Cattan, sa présidente.Enfin, pour Handicap zéro, le problème est ailleurs. L'association regrette, pour les personnes aveugles et malvoyantes qui présentent des comorbidités ou sont très âgées à domicile, des procédures de prise de rendez-vous « compliquées » : saturation du numéro d'appel unique, inaccessibilité des plateformes de prise de RDV en ligne…
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