Pour l’heure, aucune recommandation n’a été faite dans ce sens. Le port du masque, obligatoire dans les transports publics, n’a pas été demandé dans le cadre d’une activité sportive. Dès le 11 mai, de nombreux sports individuels de plein air pourront ainsi être pratiqués, avec des règles strictes à suivre (distanciation, gestes barrières, etc.), mais les autorités n’ont ainsi pas évoqué le port du masque. Ouest-France a voulu savoir si les médecins le conseilleraient, ou non ?
« Il est impossible d’aller vers un effort maximum avec un masque !, dit tout de go François Carré, cardiologue, médecin du sport au CHU de Rennes. Le masque gêne la respiration, ce qui est primordial dans le sport. »
« L’échange gazeux ne serait pas idéal, effectivement, confirme Jérémy Cadiou, médecin du sport au CHP Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine). Un masque, c’est comme un filtre, donc forcément, on inspire moins de quantité d’air, d’oxygène, donc ça bloque vite dans l’activité sportive. »
« Avec les masques FFP2, ce serait carrément impossible, car cela vous gêne presque pour respirer au repos ! confie Bruno Crestani, chef de service de pneumologie à l’hôpital Bichat, à Paris, vice-président de la Fondation du Souffle. Il est du même avis que ses confrères : « Quand vous faites du sport, vous augmentez votre ventilation (respiration). Elle peut passer de 5 litres/minute à 50 litres/minute. Donc cette augmentation de la ventilation va venircoller le masque sur votre visage à chaque inspiration. Cela fera comme une résistance, ce sera trop imperméable, et cela empêchera l’air d’entrer correctement… Avec certains masques créés à la maison, assez lourds, cela pourrait vraiment demander un effort supplémentaire aux muscles. »
Le Dr François Carré schématise : « En faisant du sport, chaque fois que j’inspirerais, le tissu irait se plaquer contre la bouche, et ça bloquerait littéralement. C’est un peu comme si vous aviez un chewing-gum en bouche, que vous faisiez une bulle et qu’elle claquerait contre votre bouche et votre nez. Derrière, vous devriez faire du sport avec cette bulle écrasée contre votre bouche et votre nez… » Dans les faits, il dit : « Vous manqueriez d’air très vite, donc vous seriez plus vite essoufflé. Deux collègues à moi ont essayé dernièrement, ils ont tenu un kilomètre, pas plus. Au bout de cinq minutes de course, je pense que ce serait très compliqué… » Y a-t-il un risque si un individu persiste à courir avec un masque ? « Non, car il l’enlèvera naturellement, pense François Carré. À partir du moment où il va comprendre que c’est injouable de continuer, il le retirera. »
Jérémy Cadiou ajoute : « Avec la transpiration générée par l’effort, votre masque sera mouillé, donc glissera, tombera, et ne sera plus efficace… Et puis deuxième problème, si votre masque tombe, le réflexe sera de le remettre, de le toucher, donc c’est prendre un risque… » Bruno Crestani, lui, souligne aussi qu’« un masque peut générer de la chaleur, localisé au niveau du visage, donc une gêne supplémentaire ».
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— Tibo Wed Jul 21 19:25:05 +0000 2021
Une étude publiée en juillet 2018 de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) rendait d’ailleurs cette conclusion : « La performance des masques diminue lorsque l’utilisateur pratique une activité intense. L’activité physique va augmenter le débit respiratoire, ce qui va augmenter la perte de charge, et entraîner une augmentation de la fuite au visage. »
Les médecins sont plutôt réservés sur le port du masque pour la pratique sportive, donc. « Je crains aussi que le fait de porter un masque, en faisant du sport, donne le sentiment d’une protection factice, dit Jérémy Cadiou. Et donc que les sportifs ne respectent plus les règles comme la distanciation, le fait de courir seul, dans des lieux peu fréquentés, etc... »
Dans l’ensemble, ils s’accordent à dire que la distanciation et les gestes barrières demeurent plus recommandables pour les sportifs. « Avec un masque, le plaisir de faire du sport disparaîtrait, et c’est quand même le plus important dans la pratique du sport. C’est pour cela notamment que je pense que ce qu’il faut privilégier, surtout, c’est la distanciation », confie Jérémy Cadiou.
« Si je fais du sport seul, je n’ai aucun besoin de faire du sport avec un masque, la distanciation et les gestes barrières suffisent », reconnaît Bruno Crestani. « Dans un endroit où il n’y a personne, il n’y a aucun intérêt à porter un masque », lâche aussi François Carré. Le virus, en effet, ne circule pas librement dans l’air sur plusieurs dizaines de mètres au point de venir vous contaminer si vous courez seul, par exemple, sur une départementale.
Pour la course à pied néanmoins, une étude belgo-néerlandaise a démontré qu’il fallait mieux courir côte à côte que l’un derrière l’autre. Avec la vitesse, les gouttelettes pourraient, selon ses travaux, mettre 4 ou 5 mètres avant de retomber au sol… Et donc générer un risque si vous courez juste derrière une personne asymptomatique, par exemple. Le ministère des Sports a d’ailleurs fixé à 10 mètres, désormais, la nouvelle distance entre deux joggeurs ou deux cyclistes. « En faisant du sport, vous expirez davantage, donc à chaque fois que vous expirez sans masque, vous n’avez pas de filtre et les gouttelettes partent… », dit Bruno Crestani.
François Carré est formel : « Les seuls sports possibles avec un masque, selon moi, ce sont les activités modérées, comme le golf, où le cœur n’est pas trop sollicité. »
En revanche, selon les médecins, il est normal que tous les sports de contact ou collectifs soient proscrits, pour l’instant. « Là, le risque de transmission est grand. Avec l’augmentation de la ventilation liée au sport, les gouttelettes partent davantage, vous ne portez pas de masque et il y a des personnes à proximité… C’est le même problème pour les sports d’intérieur, ou pour les salles de fitness, dit Bruno Crestani. Souvent, elles ne sont pas très grandes, l’air est peu ventilé, il y a un risque que le virus circule davantage. Donc là, pour l’instant, le port du masque serait recommandé. » François Carré , lui, conclut : « Il existerait la possibilité de la visière, peut-être plus appropriée au sport. Mais sera-t-elle acceptée par les sportifs ? »
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