Les médecins libéraux, comme tous les soignants, avaient jusqu'au 15 octobre pour présenter un schéma vaccinal complet contre le Covid. Faute de quoi, selon la loi, les récalcitrants, sont suspendus. C'est le cas du Dr Françoise Van Dien, généraliste à Pleudihen-sur-Rance dans les Côtes-d’Armor, sommée par l'ARS de cesser son activité au 15 octobre.
Jointe par « Le Quotidien », la médecin, installée depuis 22 ans dans la commune, explique « qu'elle n'est pas antivax ». « Mes patients sont suivis sur le plan vaccinal, fait-elle valoir. J'ai 66 ans et cela fait 40 ans que j'exerce. J'en ai vu des épidémies et je ne nie pas l'existence du virus. Mais les mesures prises par le gouvernement pour les soignants sont totalement disproportionnées ».
Début octobre, le médecin avait reçu une lettre recommandée de l'ARS de suspension à compter du 15, sauf à apporter la preuve qu'elle est rentrée dans une démarche de vaccination. « Puis j'ai reçu un recommandé du conseil départemental de l'Ordre que je n'ai pas l'intention d'aller chercher », dit-elle. La généraliste a néanmoins accepté de cesser son activité pour voir « ce qui allait se passer ». Pour ses patients, elle a tout « calé » pour « faire patienter » mais elle précise qu'elle « passerait outre en cas d'urgence vitale ».
Mise en danger
Cet arrêt d'activité n'a pas été du goût des élus et habitants de la commune et des alentours, un bassin de 10 000 habitants. « Le médecin suit plus de 1 500 patients qui vont se trouver sans médecin traitant en son absence », a lancé en colère le maire de la Pleudihen-sur-Rance, David Boixière, interrogé par France 3. Dans cette commune de 3 000 habitants, la maison de santé pluriprofessionnelle abritait, jusqu'à présent, quatre généralistes, deux kinés et deux dentistes. Depuis deux semaines, il ne lui en restait plus que trois - un autre médecin étant en arrêt maladie- puis maintenant deux, avec la suspension du Dr Van Dien. Alors la contestation s'organise.
Avec quatre autres maires (Lanvallay, Pleudihen, Saint-Hélen et La Vicomté-sur-Rance), l'édile avait écrit à l'ARS, un courrier qui est resté depuis sans réponse. En outre, une pétition en ligne a récolté plus de 3 700 signatures, pour alerter « sur la mise en danger des patients qui se retrouveraient alors sans médecin ».
« Nous alertons sur le risque induit d'avoir des malades non soignés ou mal soignés provoquant une sollicitation accrue des services d'urgences qui ne pourront faire face », peut-on lire dans ce texte où la population demande le maintien en activité du Dr Van Dien ainsi que de tous les autres médecins dans la même situation. Pour le maire, il n'y a pas à tergiverser. « Un médecin qui ne souhaite pas se faire vacciner, c’est son choix, sa décision, a-t-il affirmé. Moi, ma posture de maire, c’est de m’inquiéter de ce qui va se passer demain. Et on a un vrai problème de santé publique et de désertification médicale ».
Alors pour maintenir la pression, une manifestation est prévue demain, samedi 23 octobre à Dinan. « Je serai présente à cette manifestation pour rendre hommage aux habitants et aux maires qui l'ont organisé, ajoute le Dr Van Dien. Face à la raréfaction médicale, ils ont à cœur la question de l'offre des soins ».
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