Or, des professionnels de santé comme des parents commencent à s’inquiéter des conséquences que pourrait avoir, sur le développement de l’enfant, le port du masque systématisé chez les adultes qui accueillent et accompagnent, parfois jusqu’à 50 heures par semaine, les plus petits. Allant même jusqu’à craindre des retards dans l’acquisition du langage.
Les plus petits procèdent beaucoup par mimétisme, ils ont besoin de voir les sourires, les expressions, les lèvres bouger.
Isabelle Deschamps (psychologue à Nevers)
« Plus que de langage, il faut parler de communication, qui est verbale et non verbale », corrige Carole Pacaud, orthophoniste à Nevers et responsable dans la Nièvre de l’Union régionale des professionnels de santé de l’orthophonie. « Le masque cache les expressions et mimiques qui sont aussi importantes que les paroles. »
Une précision appuyée par Isabelle Deschamps, psychologue, qui intervient notamment au sein de l’association le Fil d’Ariane, à Nevers : « Les premières interactions entre les bébés et les adultes passent d’abord par le regard et ensuite, elles se déplacent vers le bas du visage et la bouche. Les plus petits procèdent beaucoup par mimétisme, ils ont besoin de voir les sourires, les expressions, les lèvres bouger. »
Il faudra faire attention dans certaines situations. Je pense notamment aux enfants qui présentent des troubles autistiques ou des signes de surdité.
Carole Pacaud (orthophoniste à Nevers)
Ces professionnelles ne tirent pas le signal d’alarme mais appellent cependant à la vigilance. « Les études sur les conséquences du port du masque sont en cours », reprend Carole Pacaud. « Les enfants ont tout de même des interactions sociales sans le masque à la maison, avec leurs parents. On peut supposer que s’il y a un impact, il s’estompera avec le temps chez la plupart des enfants. Mais il faudra quand même faire attention dans certaines situations. Je pense notamment aux enfants qui présentent des troubles autistiques ou des signes de surdité. »
Isabelle Deschamps cite une expérience menée dans les années 1970 par un psychologue et professeur d’université américain, Edward Tronick. Elle a montré que des enfants de 2 à 9 mois cessaient les interactions et pouvaient montrer des signes de stress dès lors que leur mère abandonnait toute expression et gardait le visage impassible.
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— Eddy Bruel Sun Jun 10 15:03:09 +0000 2018
Outre le port du masque, elle craint les effets de la distanciation physique. En principe, les professionnels de santé et de l’enfance doivent limiter au maximum les contacts avec les enfants. « Pour certains, ne plus être pris dans les bras, ne plus avoir de câlin, peut aussi être source d’anxiété. Dans mon travail, je commence à voir des enfants de 8 ou 9 ans qui veulent revenir sur les genoux. C’est quelque chose qu’on ne connaissait pas, il y a un an. »
Des pistes pour répondre aux inquiétudes
Afin d’atténuer autant que possible les éventuelles conséquences néfastes du port du masque en présence des tout-petits, des professionnelles donnent quelques conseils.
Le port du masque inclusif. Ce type de masque possède une fenêtre transparente en plastique au niveau de la bouche, qui permet aux enfants de voir cette partie du visage. « Les personnels des crèches de Nevers en ont été dotés », précise par exemple Iris Gallois, adjointe au maire de Nevers chargée de l’enfance et de la jeunesse. « Initialement, il s’agit de masques qui permettent aux personnes malentendantes de lire sur les lèvres de leur interlocuteur. Ils sont utiles avec les plus petits aussi. »
Cette solution s’avère néanmoins insuffisante sur le long terme. Car ces protections ne sont pas aussi faciles à porter que les habituels masques chirurgicaux, plus légers. « Le plastique peut être un peu étouffant à la longue, ça donne chaud et ça fait de la buée », reconnaît Iris Gallois. « Ces masques peuvent être portés dans certains cas, en alternance avec les masques plus classiques. »
Accentuer les interactions à la maison. Isabelle Deschamps conseille aux parents d’accentuer au maximum les interactions à la maison, pour en quelque sorte compenser celles qui ont moins lieu à la crèche ou chez la nounou. « Cela peut passer par des paroles, des chansons. Il ne faut pas hésiter à surjouer un peu la communication et les expressions du visage. Ce sera bénéfique pour les enfants. »
Expliquer le port du masque. Même quand ils n’ont pas encore fait l’apprentissage du langage, les enfants sont capables de comprendre beaucoup de choses. Isabelle Deschamps, à l’unisson d’autres professionnels habitués à travailler avec les plus petits, assure qu’il faut toujours leur expliquer les situations. « Leur dire pourquoi, dans certains cas, les parents ou les adultes qui s’occupent d’eux en journée doivent porter un masque. Il faut les rassurer par rapport à cela. »
Adapter le protocole. C’est sans doute le conseil le moins donné officiellement… mais le plus appliqué sur le terrain. Les agents des crèches et toutes les personnes qui reçoivent des enfants dans leur activité professionnelle respectent le plus scrupuleusement possible les gestes barrières et les consignes de sécurité sanitaire. Mais en face d’un enfant stressé, qui a peur ou ne les reconnaît plus, ils n’hésiteront pas à enlever leur masque quelques instants, ou au moins à le soulever pour montrer leur visage, en restant à distance. Le temps de rassurer l’enfant.
Jean-Mathias Joly
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