L’avenir du droit à l’avortement aux États-Unis se joue mercredi devant une Cour suprême profondément remaniée par Donald Trump, qui pourrait profiter de l’examen d’une loi du Mississippi pour revenir près de 50 ans en arrière.
ParAfp|
partagertwitterLes neuf sages, dont six conservateurs, se pencheront à partir de 10 heures, heure locale, sur une loi adoptée en 2018 par cet État du Sud, qui interdit les avortements après quinze semaines de grossesse. Elle devrait rendre sa décision au printemps prochain.
La loi, mesurée par rapport à d’autres législations adoptés ces dernières années, n’en viole pas moins le cadre légal fixé par la Cour suprême. En acceptant de l’examiner, la haute Cour a donc envoyé le signal qu’elle était prête à revoir sa copie. Celle-ci remonte à 1973 : dans son arrêt emblématique Roe v. Wade, la Cour a estimé que la Constitution garantissait un droit des femmes à avorter et que les États ne pouvaient pas les en priver. En 1992, elle a précisé qu’il était valable tant que le fœtus n’est pas « viable » soit vers 22 à 24 semaines de grossesse.
Prenant acte de cette jurisprudence, les tribunaux fédéraux avaient bloqué la loi du Mississippi avant son entrée en vigueur. Les responsables de cet État rural et religieux se sont alors tournés vers la Cour suprême.
Quand elle a accepté leur recours, alors que rien ne l’y obligeait, la Cour a expliqué qu’elle était prête à interroger la limite de « viabilité ». Mais le Mississippi lui demande aujourd’hui d’aller plus loin et d’annuler tout bonnement son arrêt de 1973. « Nous sommes conscients de l’impact de notre demande », a souligné dans un éditorial au Washington Post la procureure général de l’État, Lynn Fitch. « Mais, il y a 49 ans, la Cour a privilégié une intuition politique à un raisonnement légal solide pour atteindre une conclusion infondée constitutionnellement et il est temps de corriger cette erreur. »
Tout les échelons du Parti républicain lui ont apporté leur soutien, ainsi que l’Église catholique et de nombreuses associations anti-avortement, dont certaines ont dépensé des millions de dollars en campagnes publicitaires avant l’audience. Tous ces acteurs pensent que leur heure a sonné après un demi-siècle de lutte judiciaire et politique.
Les opposants à l’avortement sont galvanisés par l’arrivée à la Cour suprême de trois juges nommés par l’ex-président Donald Trump qui ont renforcé sa majorité conservatrice. Leur influence s’est déjà faite sentir le 1er septembre, quand le temple du droit américain a refusé, pour des raisons de procédure, de bloquer l’entrée en vigueur d’une loi du Texas qui interdit d’avorter dès six semaines de grossesse. Il a depuis rouvert le dossier.
De l’autre côté, les défenseurs du droit des femmes à avorter, « inquiets comme jamais », serrent les rangs. Des associations médicales, féministes ou des droits civiques ont écrit à la Cour pour lui demander d’invalider la loi du Mississippi, tout comme des centaines d’élus démocrates ou encore 500 athlètes de haut niveau, dont la footballeuse Megan Rapinoe.
Tous assurent qu’altérer, ne serait-ce qu’un peu, la jurisprudence actuelle, va faire tomber tout l’édifice. Selon la puissante organisation de planning familial, Planned Parenthood, 28 États ne manqueraient pas d’interdire les avortements à n’importe quel stade de la grossesse, et 36 millions de femmes en âge de procréer seraient privés d’accès aux interruptions de grossesse.
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