Déni de grossesse et alcool : "J'ai bu jusqu'au cinquième mois", témoigne une maman

Par Loraine Dion Publié lemis à jour le 6 Sep 21 à 14:32Actu BordeauxVoir mon actu

Toutes les 30 minutes, en France, un bébé naît avec des troubles causés par l’alcoolisation fœtale. « Des pathologies, plus ou moins sévères encore trop méconnues des parents et des professionnels », clame haut et fort, ce mercredi 18 août 2021, Denis Lamblin, pédiatre fondateur de SAF France, passé par Bordeaux (Gironde) à l’occasion du SAFthon.

A ses côtés, Melvina, jeune maman, est venue apporter son témoignage. « Parce qu’il faut en parler », confesse-t-elle. Victime d’un déni de grossesse, elle pointe le manque d’informations relatives au Syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF).

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« Pas dans mes plans »

À tout juste 30 ans, Melvina a un travail qui lui assure un niveau de vie confortable et un homme à ses côtés. Mais, le bébé ne fait pas partie de ses plans. Pas à court terme en tout cas.

C’est donc, un « véritable cataclysme » qui s’abat sur elle lorsqu’elle découvre qu’elle est enceinte. Cinq mois de grossesse passés inaperçus. « Impensable », explique-t-elle.

Sans sommation, ni prise en charge psychologique, elle apprend qu’elle va devenir mère. Sa grossesse étant trop avancée pour envisager une IVG.

De là, tout se bouscule dans son esprit. « Au début, c’était le choc. Je n’avais pas du tout imaginé que ma vie prenne cette tournure ».

L’été propice aux conduites à risque

Une fois la sidération passée, vient le temps des questions. Ce qui interroge particulièrement la jeune Bordelaise, c’est sa consommation d’alcool durant la période où elle ignorait son état.

Déni de grossesse et alcool :

« Je suis tombée enceinte juste avant l’été. Et j’ai à plusieurs occasions été invitée à des soirées où j’ai consommé de l’alcool. Sans modération », sourit-elle.

Un manque d’informations

La consommation excessive de boissons alcoolisées est vivement déconseillée pour les femmes enceintes. C’est en tout cas le message qui devrait circuler dans les services spécialisés.

« Pourtant, beaucoup de professionnels de santé qui accompagnent les femmes enceintes sont encore défaillants sur la question. Je pense qu’il y a un déni, que les professionnels refusent de voir la réalité « , dénonce le fondateur de l’association SAF France.

Une assertion confirmée par Melvina, qui est allée chercher des conseils auprès de plusieurs sages-femmes.

2% des nouveaux nés

Mais une petite voix au fond d’elle lui intime de continuer à se questionner. En surfant sur internet, elle découvre l’existence du SAF. Un syndrome qui touche 2% des nouveaux nés. 342 chaque année en Gironde.

« Cela concerne les mères de tous milieux et dans différents cas de figures. Certaines boivent quelques verres à l’occasion de débuts de grossesse imprévue, d’autres en situation d’addiction, le font car elles ne peuvent pas arrêter de boire. Mais ce qui est sûr, c’est que bon nombre d’entre elles méconnaissent les conséquences de l’alcoolisation pendant leur grossesse. »

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Plus de risques de dépression ou de suicide

En outre, les pathologies induites par le SAF sont loin d’être négligeables.

Rien de tout cela pour la petite fille de Melvina, pour l’heure. Couverte d’un petit chapeau rose bonbon, l’adorable bébé qui dort sur la poitrine de sa maman est suivi par une pédiatre de l‘hôpital Pellegrin.

Un combat remporté en 2007

« J’ai fini par trouver quelqu’un pour m’écouter », exprime aujourd’hui la jeune mère. Un médecin qui suivra la petite fille pendant cinq ans, avec une attention particulière sur son développement psychomoteur et son langage.

Ces troubles, fréquents chez les petites victimes de SAF,pourraient facilement être évités, martèle Dr Lamblin. Selon lui, c’est la prévention qui fait défaut dans notre pays, pourtant « champion en matière de soins ».

Après avoir porté plainte contre l’État pour le contraindre à mettre des logos sur les bouteilles d’alcool – combat gagné en 2007, date d’arrivée des petits sigles de femmes enceintes barrées sur chaque boisson alcoolisée – il plaide aujourd’hui pour un combat ciblé, impliquant les professionnels de santé et de l’éducation.

444 millions d’euros par an

« Nous devons allez voir les jeunes, dans les collèges et les lycées pour les sensibiliser au risque dès le plus jeunes âges », estime le docteur.

Mais l’encadrement des familles à risque doit également naitre d’une collaboration entre santé, justice, et social, affirme-t-il, avant de rappeler :

« Le coût de la prise en charge des enfants victimes de SAF, incluant le santé, social, scolarité spécialisée, justice, pour le département de la Gironde, s’élève à 444 millions d’euros par an. Outre la santé publique, une bonne prévention serait profitable sur le plan économique ! »

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