Carences en fer, vitamines… A quel moment doit-on prendre des suppléments quand on attend un bébé ?
Notre corps est une formidable machine. Avec une alimentation simple et équilibrée – des fruits et des légumes chaque jour et une dose normale de lipides et de protéines –, il transmet tous les nutriments et vitamines essentiels au bon développement de notre bébé. Ce phénomène est dû à trois adaptations : l’accroissement de l’appétit (vous vous en êtes aperçue, à 12 h, vous mourez déjà de faim !), une meilleure absorption intestinale (le fer est neuf fois mieux assimilé en fin de grossesse qu’en début) et le rôle du placenta qui, très tôt dans la grossesse, va tirer parti des réserves de la mère pour le fœtus. Ça explique ce phénomène : une future maman qui ne mange pas à sa faim mettra quand même au monde un bébé de 3 kg ! Pourtant, malgré une bonne alimentation, certaines carences peuvent survenir. Tour d’horizon des plus fréquentes pendant la grossesse, et comment les éviter.
Le fer est présent en très petite quantité dans l’organisme. Il joue un rôle fondamental dans la production de l’hémoglobine. D’après une étude de l’Inca sur les consommations alimentaires, en France, 13,5 % des femmes ont des réserves de fer épuisées et 6 % souffrent d’anémie. Conséquences : un état de grande fatigue et un risque d’épuisement total des réserves s’il y a une hémorragie après l’accouchement. Nicolas Dutriaux, sage-femme, le constate : « On donne trop systématiquement du fer aux femmes enceintes le 2e trimestre de la grossesse, alors que ces besoins sont à combler dès le début. Chez les patientes qui ont un projet de bébé, je donne une supplémentation en fer marin, mieux assimilé, et qui ne provoque pas de constipation. »
Si vous souhaitez booster vos réserves, misez sur la viande rouge ou les légumineuses et si vous êtes végétarienne, les poissons et les oléagineux (noix et noisettes). Contrairement à ce que croit Popeye, les épinards possèdent en réalité très peu de fer !
En France, près de 80 % de la population occidentale souffre d’une carence en vitamine D*. Cette vitamine est pourtant essentielle au bon développement osseux. Les médecins prescrivent à la majorité des femmes enceintes une ampoule au 7e mois, au moment de l’ossi-fication du fœtus. Nicolas Dutriaux conseille aussi de s’exposer à la lumière naturelle. Parce que la principale source de vitamine D passe par la peau (jusqu’à 90 % !) : « Il suffit de s’exposer 20 minutes par jour, bras ou jambes découverts, même en hiver. En revanche, on évite le visage pour ne pas risquer un masque de grossesse ou chloasma. »
Le beurre, les produits laitiers, le jaune d’œuf, les poissons gras (sardines, maquereaux, thon) et l’huile de foie de morue contiennent de la vitamine D.
Pendant la grossesse, les besoins en calcium et en magnésium augmentent. En effet, bébé va puiser dans nos réserves. Pourtant, a priori, il n’y a aucune raison de démarrer une cure de gélules, selon Nicolas Dutriaux : « Il suffit de revoir son alimentation. C’est toujours mieux de manger plus de fruits secs chaque jour ou un petit carré de chocolat, plutôt que de prendre des gélules industrielles. La seule chose que je conseille : le magnésium marin, en cas de crampes. Il est mieux assimilé par l’organisme. »
Le magnésium se trouve dans les céréales complètes : riz, farines, germes de blé. Dans les bananes, le chocolat et les fruits oléagineux (amandes, noix et noisettes), les légumes secs, ainsi que le maïs, les épinards, les avocats et certains fruits de mer.
C’est la seule supplémentation avérée et recommandée pour les femmes enceintes (ou ayant un projet de bébé). L’acide folique joue un rôle essentiel dans la production du matériel génétique (ADN, ARN). Une carence en acide folique augmente le risque de malformation pour le bébé, type spina-bifida (malformation de la colonne vertébrale). On prend environ 400 microgrammes d’acide folique par jour, trois mois avant la conception (dans l’idéal) et jusqu’à 12 SA.
Pour augmenter ses réserves naturelles en acide folique, on fonce sur les épinards, les petits pois, les endives, les haricots, les brocolis. On le trouve aussi dans les lentilles, les fruits, les oléagineux (comme les arachides), les fromages (bleus), les œufs, le camembert ou les céréales.
Les femmes enceintes sont souvent carencées en iode, un oligoélément présent dans le poisson ou le sel iodé. Or, cette hormone est essentielle au développement cérébral du fœtus. Une carence en iode pendant la grossesse entraîne chez l’enfant plus de risques d’hyperactivité ou de troubles de l’attention. Barbara Demeneix, chercheuse au CNRS, pointe du doigt un autre problème : des molécules chimiques couramment utilisées dans l’industrie (brome, chlore, fluor) bloquent l’assimilation de l’iode par la thyroïde. Selon la chercheuse, les femmes devraient faire contrôler leur taux d’hormones thyroïdiennes avant la grossesse et prendre une quantité suffisante d’iode, avec des multivitamines et minéraux, tout en évitant au maximum le contact des polluants.
*Selon un rapport de l’Académie de Médecine Française (AMF)
A lire aussiAuteur : Estelle Cintas, Journaliste Santé et SociétéLes experts : Barbara Demeneix, responsable de recherche au CNRS. Auteure de “Cocktail Toxique”(Odile Jacob, 2017) et Nicolas Dutriaux sage-femme, secrétaire général du Collège national des sages-femmes. Article publié le
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