Covid-19: "Il faut que l'Etat arrête d'acheter des masques à prix cassés chinois!"

À quelques heures de la Grande Exposition du fabriqué en France organisée les 3 et 4 juillet au Palais de l’Élysée, le Syndicat des fabricants de masques français compte bien faire entendre sa voix pour promouvoir le savoir-faire français dans la production de masques chirurgicaux et FFP2. Jeanne Lemoine, vice-présidente de l’association, demande au gouvernement de privilégier la fabrication française, afin d'endiguer les importations étrangères, notamment chinoises.

Challenges - Quelle est la situation actuelle des producteurs de masques en France?

Jeanne Lemoine - Il faut cesser d’acheter des masques étrangers. Actuellement, la France produit près de 100 millions de masques chirurgicaux et FFP2 chaque semaine contre 3,5 millions avant la crise sanitaire. Le nombre d’usines est ainsi passé de quatre à une douzaine dans l’Hexagone pour répondre à la forte demande de masques à usage unique. Évidemment, des petites structures ont participé à cette production mais aujourd’hui, elles sont retournées à leur activité principale. Notre mobilisation nous a permis d’atteindre une autosuffisance en capacité de production. Une aubaine pour notre pays qui pourrait réduire sa dépendance vis-à-vis des pays asiatiques et éviter une pénurie de masques en cas de nouvelle pandémie. Pourtant, depuis plusieurs mois, nous constatons un retour en force des importations de masques à prix cassés, notamment en provenance de Chine, et ce, avec la complicité de l’État qui achète ces produits. La Chine a bien compris que l’Europe avait réalisé sa dépendance en matière d’équipement et de production. Et en proposant des masques quelques centimes moins chers, entre trois et quatre centimes, elle souhaite que les entreprises françaises meurent. C’est ce qu’il va se passer si le gouvernement n’agit pas et qu’il continue à importer des masques étrangers.

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Covid-19:

En cas d’amélioration de la situation sanitaire en France, l’exécutif va progressivement lever les restrictions sanitaires, notamment l’obligation du port du masque en intérieur. La demande sera par conséquent moins importante. Comment les fabricants vont-ils s'adapter à l’après-Covid-19?

On a déjà anticipé cette période. On est passé à 50% de nos capacités de production. Actuellement, notre clientèle est assez large avec des conseils régionaux et départementaux ou encore des entreprises de la grande distribution telles que Carrefour ou Leclerc qui se sont engagés à acheter français. Évidemment, la filière se prépare à d’éventuelles nouvelles levées de restrictions sanitaires comme la fin du port du masque en intérieur. Toutefois, le secteur hospitalier aura toujours besoin de s’approvisionner en masques chirurgicaux. Le problème, c’est que l’ensemble de ces acteurs achètent à l’étranger. Il faut impérativement que ce secteur se fournisse dans l'Hexagone pour que notre filière dure dans le temps, notamment après la crise sanitaire.

Que demandez-vous au gouvernement?

Il est indispensable que la filière soit pérennisée pour des raisons environnementales, économiques et sécuritaires. On demande au gouvernement de revoir sa politique d'achats publics. Lors des appels d’offres, le critère essentiel reste le prix, au détriment des autres éléments (RSE, empreinte carbone, qualité…). Il faut que l’exécutif pense aux conséquences sur le long terme. L’achat d’un masque 100% français restitue 70% de la valeur en France, contre 15 % pour un masque importé. Par ailleurs, 10.000 emplois ont été créés dans notre filière. Et si le gouvernement ne nous écoute pas et continue d’importer des masques de pays étrangers, ces emplois seront détruits. Aujourd’hui, on note une prise de conscience de l’Élysée sur la difficulté de la filière face aux achats d’importation. Et notre participation à la Grande Exposition du fabriqué en France prouve que la mobilisation de notre filière est reconnue. Ces dernières semaines, de nombreuses discussions autour des critères des appels d’offres ont eu lieu et sont toujours en cours avec plusieurs ministères. Nous sentons une vraie volonté mais désormais, il faut que des décisions soient prises rapidement.

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