CARNET DE BORD. Hugo Hay : « Je suis déjà allé en Asie, en Chine, pour ma première sélection »

Hugo Hay va participer à ses premiers Jeux olympiques. L’athlète de 24 ans, originaire de Bressuire et basé en Belgique, a accepté de raconter l’ambiance qui règne au Japon, sa préparation pour la course, et comment il vit sa première olympiade. Plusieurs fois par semaine, il livrera à Ouest-France et Prolongation son carnet de bord.

Pour son premier épisode, il revient sur les derniers préparatifs avant le départ pour le Japon, prévu ce jeudi, après une période d’assimilation du décalage horaire et des conditions climatiques, sans oublier les contraintes sanitaires.

« L’excitation du départ n’est pas trop montée à cause des contraintes. Il n’y aura pas la magie des Jeux, donc il y a moins d’excitation en amont. Mais je sais qu’une fois que je serai au Japon, au village olympique, ça va monter, forcément. Mais je m’attendais à plus. Ça aurait été plus fort avec des Jeux normaux.

« On a quasiment 24 heures de voyage, ça fait beaucoup »

Le protocole est strict. On doit faire un test à moins de 96 heures et à moins de 72 heures dans des laboratoires agréés. Cela ne se fait pas partout, il a donc fallu faire un peu de route. Le tout avec des papiers spécifiques à remplir. Et en plus, avec la France, on a eu un test à J-10. Ce n’était pas obligatoire mais c’était pour être sûr, au cas où il y a un positif, ça nous laisse du temps pour nous retourner au niveau de la logistique. On peut ainsi partir plus tard. Après, il y a des papiers à remplir, deux applications à télécharger avec des choses à remplir dessus pour avoir tous les QR codes, et pour être sûr qu’une fois arrivé, on puisse donner à chaque check-up toutes les informations demandées pour que ça aille le plus vite possible. Cela va être hyper long, entre deux et cinq heures. On a déjà 10 h 30 de vol. Moi, je pars de Bruxelles, donc j’ai le train pour partir à Bruxelles, puis le train pour aller à Roissy. De l’attente, l’avion puis à nouveau de l’attente. Et d’Osaka, où on atterrit, jusqu’à Kobe, il y a 1 h 30, donc ça fait encore du bus derrière. On a quasiment 24 heures de voyage, ça fait beaucoup.

Il faut aussi se préparer au décalage horaire. Il y a sept heures d’avance au Japon. À ce niveau-là, ça fait déjà deux semaines que j’ai mis en place un plan anti jet-lag. Je ne suis pas quelqu’un du matin, donc ça a été difficile, j’ai dû le mettre en place vraiment avant. Le but est de se réveiller de plus en plus tôt. Mais progressivement pour adapter son horloge biologique, sans en faire trop. Il faut trouver un équilibre car on est sur une grosse phase de travail. Si tu commences à moins dormir, ou à altérer ton sommeil, ce n’est pas bon. Ce jeudi, je me lève à 5 h 45. Je me suis couché vers 20 h. Là, on est vraiment sur la fin.

J’aurais aimé le faire un peu plus, mais samedi, je faisais le lièvre sur une compétition. On courait à 20 h 30. Je ne pouvais pas, déjà, me décaler trop tôt. Si je m’endormais à 20 h 30 les autres jours, ça veut dire que je faisais une compétition à cette heure-là, et là, ça ne va pas du tout. Donc il y a aussi ça qui est rentré en compte.

« On a acheté des lunettes où tu peux changer les verres »

CARNET DE BORD. Hugo Hay : « Je suis déjà allé en Asie, en Chine, pour ma première sélection »

On a également acheté des lunettes où tu peux changer les verres. Le matin, tu mets les verres bleus pour avoir de la lumière bleue, et tu allumes une petite led qui est au-dessus des lunettes. Cela permet d’éveiller et de maximiser les choses au niveau de l’horloge biologique, réveiller ton corps et ne pas juste avoir d’heures de lever. Tu décales tout dans ton corps, et ensuite tu mets les verres teintés qui sont des verres orange, comme sur les portables. Cela permet de décaler et de tomber plus facilement endormi. Donc décaler le sommeil ainsi que les lunettes permet d’optimiser.

En plus, ce qu’on va faire au niveau du voyage, c’est manger le plus tôt possible quand on arrive à l’aéroport, pour monter le plus tôt possible dans l’avion et dormir le plus tôt possible derrière. Ensuite, on se fait réveiller vers 4 heures du matin car il sera 11 h au Japon. Comme ça, on peut prendre directement le rythme. Ça va être une petite nuit dans l’avion mais cela nous permettra d’arriver fatigué en nous ayant déjà fait gagner cinq ou six heures de décalage. On aura un ou deux jours où on sera dans le gaz, mais pas trop non plus. J’arrive à 18 h (locales), sauf qu’on n’aura pas dormi beaucoup, et le temps de faire toutes les vérifications à l’aéroport, on ne sera pas à l’hôtel avant 23 h. On espère dormir directement, comme ça si on s’endort directement et qu’on se lève vers 9 h, normalement, on sera quasiment calé si on aura déjà gagné deux ou trois heures avant de partir.

Il y a aussi les tests. C’était assez prenant et ça rajoute un peu de stress car tu dois faire tous les papiers, et les tests PCR, tu dois tout avoir. Tu as un peu peur, forcément, du test positif. Comme d’habitude, mais là, comme c’est les Jeux, tu as un peu plus peur. Après, ça sera les procédures sur place. On aura des tests salivaires tous les jours ou un jour sur deux pour être sûr. Mais c’est à ce prix-là qu’il y a les Jeux.

« On fait déjà très attention à la bulle »

On n’a pas envie de les louper, mais si j’avais été positif pour la compétition qualificative, ce sont tes Jeux qui peuvent s’envoler. Il y a forcément de la pression, même avant. Mais c’est sûr que par rapport à une compétition où il n’y avait pas la qualification en jeu, même si tu as envie de courir, que ce sont de gros meetings, là ce n’est rien par rapport à ça parce que tu te dis que tu peux louper les Jeux, et qu’ils seront intransigeants en plus.

La préparation a été importante. Samedi, j’ai fait le lièvre, c’était un peu plus un entraînement. Et mardi, j’ai fait ma dernière grosse séance. On l’a faite à 9 h car on était réveillé à 6 h 15. Tout s’est bien passé, la confiance est maximale parce que j’ai passé de très bonnes séances depuis mon stage à Saint-Moritz (Suisse), je suis en forme cet été. Après, il y a forcément de la fatigue car on arrive au bout du cycle. C’est pour ça qu’il faut bien anticiper le décalage. Le but sera de reprendre du jus et essayer d’assimiler ça le plus possible pour pouvoir surcompenser la semaine prochaine et être vraiment frais pour démarrer la compétition.

La bulle sera présente à Tokyo mais nous, on fait déjà très attention. À Saint-Moritz, on était entre athlètes du groupe, on est resté entre nous. On avait fait un test avant de partir, on faisait très attention là-bas. Samedi aussi, on a fait très attention. Des gens nous demandaient de faire des selfies, on leur demandait de respecter les distances, de mettre leur masque. Mon coloc est parti parce qu’il a vu sa copine la semaine dernière et là qu’il voit ses clients pour son travail. Donc il m’a laissé l’appartement. Et à part ceux qui vont aux Jeux, je m’entraîne tout seul depuis la semaine dernière, parce que ça ne sert à rien de prendre des risques. Là, je voulais aller au sauna mais je vais juste faire un bain chaud pour l’assimilation de la chaleur. Je ne veux pas aller à la piscine parce qu’il y a du monde, il fait trop chaud pour le virus mais je ne veux pas prendre de risque.

« Le but est d’essayer d’arriver le plus acclimaté possible »

La chaleur, c’est une donne qu’il a fallu prendre en compte. Le climat japonais est chaud et surtout très humide. C’est ça, qu’il a fallu prendre en compte. Pour ça, on a fait de la thermoroom, avec des entraînements dans des chambres où il faisait 35 degrés et 75 % d’humidité, ou plus ou moins. Il a fallu habituer le corps, voir quelle stratégie de cooling il fallait mettre en place pour le diminuer et comment bien assimiler. Il y a aussi eu du sauna, des bains chauds. On a fait des entraînements sur tapis avec beaucoup de vêtements sur nous, à Saint-Moritz, parce qu’on n’avait pas de thermoroom. Le but est d’essayer d’arriver le plus acclimaté possible, sachant que c’est impossible de l’être totalement. En même temps, c’est pour ça qu’on aura le stage à Kobe, pour l’assimilation et que le corps s’habitue à ça. Les deux ou trois premiers jours, ce sera dur. On espère que ça reste comme ça le soir où il ne fait pas très chaud et où l’humidité n’est pas trop haute. Il fait 27 degrés le soir, pour l’instant, aux horaires où je vais courir, et 60 % d’humidité. Donc c’est encore acceptable, ce n’est pas extrême.

Ce ne sont pas des conditions que je connais beaucoup. On n’a pas l’occasion d’avoir des compétitions dans ces conditions-là. Après, ce ne sera pas extrême. Il n’y aura pas de grosses défaillances. Il faudra juste faire attention. Et là, c’est bien qu’en Belgique il fasse beau, un peu comme en France, car cela permet de suer un peu. Lundi, il faisait humide, donc c’était bien.

Au final, on part tous dix jours avant. Moi je pars avec deux jours d’avance par rapport à Jimmy (Gressier, l’autre Français présent sur 5 000 m). Je ne serai avec aucun demi-fondeur. Il y en a qui sont partis mardi et d’autres qui partent le 24. Nous, on a adopté cette stratégie, alors que Jimmy a préféré attendre, ce qui lui permet de bien finir son cycle d’entraînement à Paris. Ce sont pleins de petits détails auxquels on est méticuleux. Je ne suis pas le plus fort physiquement, donc si on peut rattraper un peu partout ce qu’il me manque, c’est toujours ça de pris.

Je suis déjà allé en Asie. C’était en Chine, pour ma première sélection. C’était la première fois que je prenais l’avion (rires). Ça m’avait fait un grand voyage, en plus la télé ne marchait pas et je n’avais pas osé demander parce que je ne comprenais pas, bref. Ça avait été très, très long. J’avais bien assimilé le décalage horaire, avec la même stratégie. Là-bas, ça s’était bien passé. J’espère que l’Asie me sourira à nouveau. C’est cool d’aller aussi loin, d’aller à Tokyo. Le seul souci, c’est qu’on ne pourra pas visiter... »

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