Où trouver un masque « grand public » ? Combien de temps le porter ?… Nos réponses à vos questions

C’est désormais officiel. Le port du masque sera obligatoire pour tous les passagers dans les transports publics, pendant les trois semaines suivant la fin annoncée du confinement, le 11 mai, ainsi que pour les professionnels de la petite enfance et les élèves à partir du collège, a annoncé le premier ministre Edouard Philippe, mardi 28 avril, en dévoilant devant les députés les modalités de sortie du confinement.

Les masques « alternatifs » servent-ils à quelque chose ? Où se les procurer avant le 11 mai ? Comment les laver ? Tour d’horizon des principales interrogations posées par le port du masque en tissu.

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Les masques en tissu servent principalement à éviter que le porteur n’infecte son entourage. Lorsqu’ils suivent les règles édictées par l’Association française de normalisation (Afnor), ces masques sont en mesure d’arrêter entre 70 % et 90 % des particules de 3 microns (3 millièmes de millimètre) ou plus – ce qui comprend les grosses gouttelettes expulsées par un porteur de masque malade, gouttelettes dont le diamètre est de l’ordre de 5 microns.

Le masque en tissu homologué peut apporter également « une certaine protection », « limitée », à une personne saine qui le porterait face à une personne contaminée, note l’Afnor. A ce jour, la valeur précise de ce niveau de protection reste toutefois inconnue. Le masque en tissu protège en revanche bien moins que le FFP2, réservé aux personnels soignants, qui arrête 94 % des particules dont le diamètre est inférieur à 0,6 micron (voir notre infographie sur les niveaux de protection en fin d’article).

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Depuis lundi 27 avril, les pharmacies ont le droit de vendre des masques en tissu. « Progressivement, nous parviendrons à une situation classique, où les Français pourront sans risque de pénurie se procurer des masques “grand public” dans tous les commerces », a déclaré le premier ministre devant les députés. Certaines collectivités locales ont par ailleurs décidé d’en distribuer à leurs habitants.

La secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher, a rappelé que le prix du masque chirurgical était plafonné à 95 centimes et que le prix « conseillé » pour les masques lavables réutilisables était « de 20 à 30 centimes par usage lavable ». Selon Mme Pannier-Runacher, « 200 millions de masques par semaine » devraient être disponibles à partir du lundi 11 mai, soit « 100 millions pour les personnels de santé, les pharmacies » et « 100 millions pour le grand public ».

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) fait savoir, dans un avis, que deux types de masques en tissu sont disponibles, selon les publics : les masques de « catégorie 1 », à destination des « professionnels en contact avec le public », comme les « hôtesses de caisse et les forces de l’ordre ». Ceux-là sont capables de filtrer 90 % à 95 % des particules émises par le porteur.

Où trouver un masque « grand public » ? Combien de temps le porter ?… Nos réponses à vos questions

Les masques de « catégorie 2 », dits « de protection à visée collective », seront, eux, en vente libre à destination du reste de population. Ils filtrent, pour leur part, 70 % à 80 % des particules émises par le porteur. Leur prix n’est, à ce stade, pas encadré, mais leur prix unitaire constaté oscille entre 2 et 6 euros, selon le modèle.

Les masques FFP2 et chirurgicaux restent, eux, réservés aux personnels de santé.

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Tout à fait. Deux designs de masques en tissu offrent la protection mentionnée plus haut – quelle que soit la catégorie du masque : la forme « bec de canard » et la forme « trois plis », dont les patrons ont été publiés sur le site de l’Afnor, qui a pour mission d’élaborer et de transcrire des normes en France.

La confection ou l’achat d’un masque en tissu à couture sagittale (couture verticale au niveau du nez et de la bouche) est en revanche proscrit, du fait d’un « risque de fuite [de gouttelettes de virus] par la couture », alerte l’association. Les masques avec des agrafes sont également déconseillés, celles-ci pouvant constituer « un danger ou une nuisance pour l’utilisateur », poursuit-elle. Idem pour les masques faits d’une seule épaisseur d’étoffe, quelle qu’elle soit.

Le masque doit être fait dans un tissu souple, afin qu’il suive bien les angles du visage et garantisse ainsi une bonne étanchéité. Son efficacité (en termes de respirabilité et de filtrage) varie par ailleurs fortement selon le type de matière qui le constitue.

Dans le cas où vous souhaiteriez confectionner le vôtre, nous vous invitons à consulter la liste des combinaisons d’étoffes testées par l’Institut français du textile et de l’habillement. Pour des masques de catégorie 2, il est ainsi possible d’utiliser une combinaison de trois couches, alternant un coton de 150 g/m², une viscose non tissée de 130 g/m² et un coton de 150 g/m².

Pour des masques de catégorie 1, qui demandent une meilleure filtration, il est aussi possible d’utiliser une combinaison de trois couches, avec un coton de 80 g/m², une maille polaire de 115 g/m² et un tissage de soie de 80 g/m². A l’inverse, certaines combinaisons d’étoffes ne passent pas les tests, comme un masque fait avec deux couches de jersey de coton 280 g/m².

Dans le cas où vous achèteriez votre masque dans le commerce, celui-ci a en principe été confectionné en respectant les consignes de l’Afnor. Les masques agréés doivent indiquer sur l’emballage le nom du fournisseur, le numéro de la règle en vigueur pour les masques en tissu (Afnor SPEC S76-001), la durée d’utilisation et les instructions d’entretien. En l’absence de ces mentions, rien ne garantit la qualité des masques vendus.

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Avant de mettre en place le masque – ou de le retirer –, il faut se laver les mains au moins vingt secondes. Le masque se manipule uniquement par les élastiques, jamais par le milieu.

Il doit par ailleurs couvrir la zone partant de la bosse du nez jusqu’au-dessous du menton, sans bailler sur les côtés. Un masque porté uniquement au niveau de la bouche perd largement de son efficacité.

Jade Labrunye / Le Monde

Surtout pas. Si ces matières ont une excellente capacité filtrante, ils ne sont pas faits pour respirer dedans et sont donc « susceptibles de libérer dans l’air inhalé des substances irritantes pouvant causer un risque d’allergie (en particulier de crises d’asthme grave) et/ou de toxicité », alerte l’Afnor.

Les masques en tissu doivent être changés au minimum toutes les quatre heures, explique l’Afnor dans son guide à destination des fabricants.

Il faut donc compter deux à trois masques en tissu par personne et par jour, dans le cas d’une personne travaillant hors de chez elle.

Les masques en tissu sont conçus pour être réutilisables après un nettoyage complet.

Ils doivent être mis en machine à 60 °C pendant trente minutes au minimum avec votre lessive habituelle. L’Afnor déconseille en revanche l’ajout d’un adoucissant ou d’un produit nettoyant différent de votre lessive : les résidus que vous pourriez inhaler en portant le masque après lavage pourraient en effet être toxiques. Il est possible d’y adjoindre des draps ou des serviettes en coton, qui supportent également ces températures.

L’association de normalisation déconseille le seul séchage à l’air libre du masque. Elle invite les porteurs à repasser en plus le masque à la vapeur, « à une température n’abîmant pas le tissu ». Autre option : utiliser un sèche-linge dans les deux heures qui suivent le lavage du masque.

L’Afnor demande aux fabricants de préciser sur l’emballage le nombre de cycles de lavage que peut supporter le masque sans voir son pouvoir de filtration détérioré. Au minimum, ils doivent tenir au moins cinq cycles.

« Un sèche-cheveux n’est pas adapté pour procéder à un nettoyage, avertit l’Association de normalisation. Il peut néanmoins être utile pour finaliser le séchage d’un masque barrière. Mais prenez garde : la mauvaise maîtrise du niveau de température peut dégrader la matière filtrante, surtout si celle-ci est thermosensible. » Idem pour le fer à repasser : utile pour « sursécher » son masque, inutile, voire dangereux, pour le nettoyer.

Quant à l’eau bouillante, elle est également proscrite par l’Afnor, car une température avoisinant 100 °C peut endommager le tissu.

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