« Je ne veux pas allaiter » : comment arrêter la lactation ?

Comme environ un tiers des mamans françaises*, vous ne souhaitez pas allaiter votre bébé. Comment faire alors pour stopper la montée de lait ? La prise de médicaments est-elle indispensable ? Cela peut-il se faire naturellement ? Les explications de Françoise Rameau, consultante en lactation IBCLC.

C'est décidé : pour nourrir votre enfant, vous avez choisi le biberon. Pour des raisons qui vous appartiennent, vous ne souhaitez pas – ou ne pouvez pas – allaiter. Soyez pleinement rassurée : donner un biberon est aussi un moment de forte complicité avec bébé. Et sur le plan nutritionnel, aucune inquiétude, il s'en portera très bien !Reste à régler la question de la montée de lait, qui est physiologique, et du confort de vos seins.

La prise de médicaments est-elle nécessaire pour arrêter la montée de lait ?

Uniquement dans des cas bien précis

Cette question a longtemps fait débat dans le milieu médical. Une tendance nette se confirme cependant depuis plusieurs années : la prescription d'un traitement pour stopper la montée de lait ne se fait que dans des cas rarissimes. Un constat confirmé par Françoise Rameau, consultante en lactation IBCLC depuis 7 ans : « La littérature scientifique sur le sujet est aujourd'hui très claire : la prescription d'un traitement doit se faire dans des cas très précis. Très longtemps, on trouvait ces médicaments sur les tables de nuit des mamans, mais cette époque est révolue. Sans avis médical, pas de médicament. Il y a eu trop de problèmes de santé graves tels que des complications neurologiques ou cardiaques. » Ainsi, la bromocriptine (Parlodel® et Bromocriptine Zentiva®), longtemps prescrite pour stopper la montée de lait, a été interdite pour cet usage en 2013. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait considéré que le rapport bénéfices/risques de ces médicaments n'était plus favorable.

Quels médicaments prendre pour arrêter la montée de lait aujourd'hui ?

En 2021, la prescription de traitements et de médicaments bloquant la lactation est donc exclusivement réservée aux indications médicales, généralement après une mort fœtale in utero ou une interruption médicale de grossesse (IMG). « Le dostinex est le médicament le plus prescrit aujourd'hui », précise Françoise Rameau, qui complète : « Surtout, il faut un suivi médical bien sûr, mais aussi un accompagnement psychologique, dès la maternité, car ce sont souvent des femmes en grande détresse. »

À lire aussi

Existe-t-il une méthode naturelle pour l'arrêt du lait maternel ?

Moins le sein est stimulé, plus la lactation diminue

« Je ne veux pas allaiter » : comment arrêter la lactation ?

Un mot sur le processus de fabrication du lait maternel tout d'abord : l'accouchement terminé, deux hormones, l'ocytocine et la prolactine, vont rentrer en action et déclencher la production de lait et son écoulement pour nourrir le bébé. « Or, le cerveau humain est très bien fait explique Françoise Rameau. Si le sein de la maman n'est pas stimulé, par succion (tétée du bébé), extraction (tire-lait) ou palpation, la prolactine ne va pas se libérer, et donc le processus de lactation ne se mettra pas en route. » En d'autres termes, moins la poitrine est sollicitée, plus vite la lactation s'arrête, et la montée de lait est stoppée. Le lait contenu dans la glande mammaire va alors involuer dans le système sanguin, et cette dernière reprendra sa taille normale. « Et si on vous conseille, ajoute Françoise Rameau, de bander votre poitrine ou de la serrer pour faire involuer le lait, ne le faites pas, c'est archi-faux. »

À lire aussi

« J'ai commencé à allaiter mais je ne veux plus continuer » : comment arrêter la lactation ?

On n'arrête pas l'allaitement brutalement

« Les consultantes en lactation sont très souvent confrontées à ce genre de cas, détaille Françoise Rameau. Ces mères sont trop lâchées dans la nature après la maternité, sans accompagnement. L'arrêt de l'allaitement de l'enfant se fait souvent du jour au lendemain, ce qui engendre des problèmes d'engorgement, et donc l'apparition de mastites (une inflammation du sein, ndlr), voire d'abcès. Or, la transition doit toujours se faire en douceur, on parle de méthode de sevrage progressif. La mère ne doit pas arrêter de donner du lait au bébé du jour au lendemain".

Comment effectuer le sevrage du bébé ?

« Prenons l'exemple d'une mère qui souhaite arrêter l'allaitement de son bébé après 15 jours ou 3 semaines, présente Françoise Rameau. Le sevrage doit toujours se faire par étapes. Je conseille aux mères, pour débuter le sevrage de leur enfant, de remplacer la tétée de fin d'après-midi par un biberon. C'est le meilleur moment, car non seulement c'est un instant de la journée où la maman est fatiguée, mais c'est aussi un moment où elles ont une sensation de manque de lait. Le lendemain, on réintroduit le même biberon à la même heure. Le corps de la maman enregistre alors qu'à cette heure-ci, il n'y aura plus de sollicitation du sein. Le sevrage du bébé doit être mis en place aussi lentement que la lactation se met en place. Au fur et à mesure, on remplace donc une tétée par un biberon, puis deux et ainsi de suite... » La lactation de la maman va s’adapter à ces heures de non-sollicitation du sein, et petit à petit, la production du lait va diminuer. Le corps va alors s’adapter, car tous les jours à la même heure, il aura compris qu'il existe une autre solution pour nourrir le bébé.

À lire aussi

Comment éviter l'engorgement du sein après l'accouchement ? L'astuce de Françoise Rameau, consultante en lactation IBCLC

Afin de faire couler le lait du sein sans stimulation de la poitrine (ni tétée du bébé, ni extraction par un tire-lait) et éviter ainsi le risque d'engorgement, on peut appliquer sur la poitrine une feuille de chou vert frisé (enlever la nervure centrale), que l'on maintient avec du film transparent. Sous l'effet de la chaleur et sans que le sein soit sollicité, le lait se mettra alors à couler.

Comment soulager la douleur liée à la montée de lait ?

Pour lutter contre la douleur liée à la montée de lait les premiers jours après la naissance de votre bébé, il est possible de porter un soutien-gorge adapté, d'alterner l'eau chaude (pour faire couler le lait) et l'eau froide (pour soulager la douleur) sur la poitrine. On peut aussi avoir recours à des médecines alternatives, telles que l'homéopathie, l'acupuncture ou la phytothérapie. « La prise de paracétamol (Doliprane, Efferalgan…) ou d'ibuprofène peut également soulager la douleur et améliorer le bien-être », précise Françoise Rameau.

* Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques, janvier 2021

A lire aussiAuteur : Guillaume BottonL'experte : Françoise Rameau, consultante en lactation IBCLC Article publié le

Articles Liés

  • Effets de l’huile de palme sur la santé : quels dangers ?

    Effets de l’huile de palme sur la santé : quels dangers ?

    GO

  • Obligation vaccinale à Lourdes : l'employée d'un centre de dialyse déboutée

    Obligation vaccinale à Lourdes : l'employée d'un centre de dialyse déboutée

    GO

  • Charlotte, étudiante sage-femme : "On est très vite en autonomie"

    Charlotte, étudiante sage-femme : "On est très vite en autonomie"

    GO

  • Sophie Fontanel pose nue et reçoit des milliers de « Merci »

    Sophie Fontanel pose nue et reçoit des milliers de « Merci »

    GO