Grossesse et vaccins : quels vaccins ? quand ? rappels ? | Santé Magazine

Vous êtes enceinte ou vous nourrissez le projet de l’être prochainement ? C’est peut-être le moment de faire le point avec votre médecin et de mettre à jour votre calendrier vaccinal. Toutes les réponses à vos questions avec le Dr. Philippe Poujol du Centre Médical de l’Institut Pasteur.

Êtes-vous immunisée contre la rubéole ? La rougeole ? Depuis quand remonte votre dernier rappel du tétanos ? Si le calendrier vaccinal est plutôt bien respecté à l’enfance et à l’adolescence, force est de constater qu’à l’âge adulte, on le perd un peu de vue ! Pourtant, la vaccination permet de se protéger soi et son entourage. « Dans le cas d’une grossesse, il faut savoir que le vaccin protégera à la fois la femme enceinte et l’enfant à naître de maladies potentiellement graves comme la coqueluche, la varicelle, la grippe, la rubéole ou encore la rougeole » prévient le Dr. Poujol.

Rappel : le b.a.-ba du vaccin

Il existe deux types de vaccins :

Les vaccins à germes vivants atténués sont fabriqués à partir de germes (virus/bactéries) vivants qui ont été modifiés afin de perdre leur pouvoir infectieux. Sauf exception, ils sont contre-indiqués pendant la grossesse en raison de la possibilité pour le virus de traverser le placenta et de contaminer le bébé.

Les vaccins inactivés, eux, ne contiennent pas d’agents infectieux vivants et peuvent donc être utilisés sans problème pendant la grossesse.

Se faire vacciner avant la grossesse

Vous avez le projet de tomber enceinte prochainement ? C’est le bon moment pour aller faire le point sur la vaccination avec votre médecin. « A partir du moment où on décide de se lancer dans une grossesse, il faut anticiper, confirme le Dr. Poujol. En effet, certains vaccins dits à virus vivants comme le ROR (Rougeole-Oreillon-Rubéole) ou celui contre la varicelle sont contre-indiqués pendant la grossesse. Il est donc recommandé de les faire au moins un mois avant d’être enceinte ».

La vaccination contre la rubéole

Pour mémoire, si la rubéole n’est pas dangereuse pour la femme enceinte, elle peut entraîner de graves malformations chez le fœtus. Le risque de transmission de la mère à l’enfant de cette pathologie virale est de l’ordre de 80 % pendant le premier trimestre. En cas d’affection par le virus de la rubéole avant la douzième semaine d’aménorrhée, outre le risque de décès du bébé, il existe une probabilité très élevée de malformations des yeux (risque de cécité), de l’audition (risque de surdité), mais aussi cardiaques et neurologiques (lésions cérébrales avec possible retard mental).

Chez 50 % des femmes enceintes, la rubéole est asymptomatique c’est-à-dire qu’elle ne donne aucun symptôme. La seconde moitié peut présenter une éruption cutanée - parfois confondue avec une allergie - accompagnée d’un peu de fièvre ou encore d’une conjonctivite. « En cas d’absence d’immunisation contre la rubéole, la femme enceinte ne pouvant pas être vaccinée pendant la grossesse, elle doit impérativement éviter tout contact avec une personne susceptible d’être contaminée durant les quatre premiers mois de grossesse » précise le médecin. Afin de protéger d’éventuelles autres grossesses, le vaccin contre la rubéole peut être réalisé après l’accouchement. Celui-ci n’empêche pas l’allaitement maternel.

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La vaccination contre la rougeole

Considérée comme une maladie virale bénigne de la petite enfance, la rougeole peut être grave lorsqu’elle se déclare chez la femme enceinte avec un risque accru de fausse couche ou de naissance prématurée. « Contrairement à la varicelle ou à la rubéole, la rougeole ne provoque pas de malformation chez le fœtus, précise le Dr. Poujol. En revanche, elle peut avoir des conséquences très graves et se compliquer d’une pneumopathie rougeoleuse voire d’une encéphalitec’est-à-dire une inflammation du tissu cérébral qui peut engendrer de lourdes séquelles ». D’autre part, si le bébé naît lorsque la maman a la rougeole, le virus peut provoquer des complications neurologiques chez le nourrisson. Une pathologie à ne pas prendre à la légère !

Grossesse et vaccins : quels vaccins ? quand ? rappels ? | Santé Magazine

La vaccination chez la femme enceinte étant déconseillée, si vous n’êtes pas immunisée, il est essentiel d’éviter tout risque de contagion. D’autant plus que la rougeole est en recrudescence en France avec une circulation très active du virus dans certaines régions depuis 2017. « De début 2018 à fin 2019, près de 6 000 cas de rougeole ont été rapportés en France, avec des foyers épidémiques dans plusieurs régions, précise Santé Publique France dans un rapport publié en 2020. L’exhaustivité des déclarations obligatoires étant de 50 %, le double de cas a dû survenir. Près de 90 % des personnes atteintes étaient non ou mal vaccinées ». Pour mémoire, la vaccination complète contre la rougeole nécessite deux injections à au moins un mois d’intervalle.

Enfin, une maman vaccinée contre la rougeole transmet des anticorps à son enfant. « La vaccination contre la rougeole n’étant pas indiquée avant douze mois chez le bébé, le nourrisson profite déjà d’une protection. C’est loin d’être négligeable ».

La vaccination contre la varicelle

Maladie bénigne de la petite enfance, la varicelle est rare mais potentiellement grave lorsqu’elle survient chez la femme enceinte. Le virus contracté entre la huitième et la vingtième semaine d’aménorrhée expose le fœtus à un risque de malformations neurologiques et la maman à des problèmes respiratoires. La varicelle néonatale, quant à elle, peut sérieusement mettre en danger la vie du nourrisson. Alors, en cas de doute, avant de vous lancer dans un projet de grossesse, demandez conseil à votre médecin qui pourra vous prescrire une sérologie (une simple prise de sang) afin de vérifier que vous êtes bien immunisée contre le virus. Dans le cas contraire, on n’hésite pas à se faire vacciner !

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La vaccination chez la femme enceinte

Au cours de la grossesse, beaucoup d’infections peuvent mettre en péril la santé de la mère ou accroître le risque de fausse couche ou d’accouchement prématuré. « Alors, autant éviter qu’elles ne surviennent » souligne le Dr. Poujol. Les vaccins contre la typhoïde, les hépatites A et B, les méningocoques (A, C, Y, W135) peuvent donc être conseillés en cas de voyage en zone endémique ». Comme dit l’adage, mieux vaut prévenir que guérir...

Les vaccins contre les hépatites A et B

Les vaccins contre l’hépatite A et B sont des vaccins à virus inactivés et peuvent donc être réalisés pendant la grossesse sur l’indication de votre médecin. « Ils sont indiqués notamment lorsqu’on voyage dans une région du monde où il y a un risque, confie le médecin. Par exemple, si une femme enceinte doit séjourner une dizaine de jours au Maroc, il est bon qu’elle se fasse vacciner contre l’hépatite A ». L’hépatite A est un problème de santé publique majeur au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La contamination se fait par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par contact direct avec une personne infectée. Or, la survenue d’une hépatite A chez la femme enceinte peut entraîner un risque d’accouchement prématuré et des complications gestationnelles.

Le vaccin contre l’hépatite B est quant à lui recommandé quand il existe un risque non négligeable d’être contaminé par le virus : contact avec une personne atteinte, toxicomanie, etc.

Le vaccin contre la typhoïde

Dix-sept millions de personnes sont touchées chaque année dans le monde par la fièvre typhoïde. La bactérie de la famille des salmonelles est transmise là aussi par ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par des matières fécales. En fonction de la durée et des conditions du séjour, la vaccination est fortement conseillée chez les femmes enceintes qui ont prévu de voyager dans les zones à risques : en particulier en Inde et en Asie du Sud-Est. Le vaccin contre la fièvre typhoïde est un vaccin inactivé composé de fragments antigéniques de la bactérie. Une seule injection, quinze jours avant le départ, suffit pour être protégé pendant trois ans.

Le vaccin contre la fièvre jaune

Si le vaccin contre la fièvre jaune à base de virus vivant atténué est généralement contre-indiqué pendant la grossesse, il peut arriver qu’un médecin vous le recommande si vous devez voyager de façon impérative dans les zones à risques. « Une femme enceinte qui doit se rendre en Guyane ou encore en Afrique subsaharienne et qui ne peut pas retarder son séjour pour une raison ou une autre doit songer à se faire vacciner contre la fièvre jaune, alerte le Dr. Poujol. Il n’existe à l’heure actuelle aucun traitement et la maladie étant potentiellement grave, la balance bénéfices/risques penche en faveur de la vaccination ».

Le vaccin contre le Covid-19

Même s’il existe à l’heure actuelle encore très peu d’études de l’impact du vaccin contre la Covid-19 chez la femme enceinte, les autorités françaises recommandent désormais de se faire vacciner dès le premier trimestre de la grossesse. "Chez la femme enceinte, la capacité respiratoire étant diminuée, notamment lors du dernier trimestre, une infection par le virus du Covid-19 expose à des risques de formes graves et de complications, rappelle le Dr. Poujol. D’autant plus chez les femmes enceintes présentant déjà des facteurs de risques : IMC élevé, diabète, etc. La balance bénéfices/risques penche très favorablement pour la vaccination ».

A ce jour, les deux vaccins à ARN messager (Pfizer et Moderna) sont recommandés. Les vaccins à ARN messager étant dépourvus de pouvoir infectant, il n’y a pas lieu de craindre une infection du fœtus par le SARS-Cov 2 lors d’une vaccination en cours de grossesse.

Grippe et grossesse

La grippe saisonnière pouvant être potentiellement grave chez la femme enceinte, il est recommandé de se faire vacciner pendant la grossesse. « La maladie peut avoir des répercussions très importantes au dernier trimestre car la capacité respiratoire de la maman est diminuée et son système immunitaire est moins efficace donc plus fragile » prévient le spécialiste. Les vaccins antigrippaux étant des vaccins à virus inactivés c’est-à-dire dépourvus de pouvoir infectant, il n’y a pas lieu de craindre une infection embryo-fœtale lors d’une vaccination en cours de grossesse et ces derniers n’empêchent pas l’allaitement maternel. De plus, selon le CRAT : « Après une vaccination maternelle dans la deuxième partie de la grossesse, le passage transplacentaire des anticorps spécifiques de la grippe procure des taux d’anticorps protecteurs chez les enfants pendant au moins leurs 2 premiers mois de vie ».

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Quels vaccins après la grossesse ?

Vaccination contre la coqueluche

Enfin, la coqueluche étant transmissible de la mère au nouveau-né et potentiellement grave chez l’enfant de moins de 12 mois, le vaccin est fortement recommandé avant la grossesse ou dans le post-partum immédiat.

Vaccin et allaitement

Selon la Leche League, aucun des vaccins administrés couramment n’est contre-indiqué pendant l’allaitement. Même celui contre le Covid-19. Deux études menées récemment par des chercheurs espagnols ont même montré que le lait maternel des femmes vaccinées contiendrait des anticorps contre le SARS-Cov 2.

Institut national de veille sanitaire (INVS)

Infectiologie.com

Santé Publique France

www.lecrat.fr

La Leche League

A lire aussiAuteur : Sophie Helouard, journaliste santéExpert : Dr Poujol Article publié le

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