BioNutriNetProject : les étonnantes conclusions de la vaste étude menée sur les liens entre alimentation bio, santé et environnement | Atlantico.fr

Atlantico : Vous avez publié dans Advances in Nutrition, le 18 octobre dernier, vos conclusions clés concernant le projet BioNutriNet sur les régimes alimentaires bio.Quelles sont vos principales découvertes sur le bio ?

Denis Lairon : Cet article est une synthèse de près de 15 articles originaux publiés dans de réputésjournaux scientifiques et médicaux internationaux, sous la coordination de Emmanuelle Kesse-Guyot (EREN). Gràce à la cohorte Nutrinet-santé (www.etude-nutrinet-sante) nous avons pu travailler sur 30 000 à 70 000 adultes (77% de femmes) et réaliser la plus importante étude au plan mondial sur les consommateurs d’aliments bio, en fonction de leur importance croissante dans leur alimentation habituelle (soit de quasiment jamais à très souvent (soit 60 à 70% de leurs aliments).

Pour résumer, nous avons montré que plus les gens consomment d’aliments bio, plus ils ont une alimentation à base végétale (fruits, légumes, céréales peu raffinées , légumes secs, amandes-noix-noisettes) et moins ils mangent de produits animaux ( viandes rouges et blanches, charcuteries, lait et produits laitiers, d ‘aliments tout prêt, de « fast foods »et de sodas. Ces choix alimentaires conduisent à une alimentation de qualité croissante, en référence aux recommandations officielles et aux apports en nutriments importants.

Les impacts sur la santé ont pu être évaluées en suivant ces adultes dans le temps (de 3 à 5 ans en moyenne pour l’instant). Nous avons ainsi montré, en comparant les groupes extrêmes,que les plus forts consommateurs bio ont une probabilité réduite d’être en surpoids ou obèses (- 31%), d’avoir un syndrome métabolique (risque cardio-vascualire) (-31%), d’être attaint d’un diabète type 2 (-35%), de développer un cancer (en moyenne -25%), dont un lympome ou un lymphome non-Hodgin (env. – 80%) ou un cancer du sein après la menopause chez les femmes (-36%).

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Nous avons pu déterminer que la contamination des aliments bio par des pesticides de synthèse est fortement réduite et que l’exposition (mesures dans l’urine) à ces contaminants (organo-phosphorés et pyréthrynoïdes) des forts consommateurs bio est significativement réduite.Les impacts sur la santé ont pu être évaluées en suivant ces adultes dans le temps (de 3 à 5 ans en moyenne pour l’instant). Nous avons ainsi montré, en comparant les groupes extrêmes et en prenant en compte les autres facteurs pouvant avoir une influence, que les plus forts consommateurs bio ont une probabilité réduite d’être en surpoids ou obèses(- 31%), d’avoir unsyndrome métabolique (risque cardio-vasculaire) (-31%), d’être atteint d’un diabète type 2 (-35%), de développer un cancer (en moyenne -25%), dont un lympome ou un lymphome non-Hodgkin(env. – 80%) ou un cancer du sein après la ménopause chez les femmes (-36%). Il s’agit d’une très forte réduction de risque en terme de santé publique.

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Une alimentation des adultes avec 60-70% d’aliment bio peut coûter à l’achat 26% de plus, soit environ 5% de plus de leurs revenus. Cela peut correspondre à un choix de dépenses supérieures pour une meilleure alimentation pour une majorité des citoyens ; pour ceux aux revenus les plus bas, des aides doivent être apportées.

L’autre point soulevé par le bio est relatif aux questions environnementales. Selon vos travaux, la culture du bio est-elle compatible avec la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique ?

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Nous avons montrés que plus la consommation bio augmente, plus les impacts de la production des régimes sont réduits : pour les plus forts consommateurs bio,nous avons calculé que la production actuelle de leur alimentation réduit l’utilisation des ressources (terres agricoles: -23%; énergie consommée: -25%) et les émissions de gaz à effet de serre (-37%). Ces effets sont du surtout à une moindre consommation de produits animaux.Les impacts sur la biodiversité, par la réduction de l’utilisation des pesticides, devrait aussi être évalués.

Dans plusieurs de nos études, nous avons montré que la composante bio est un élément important de la durabilité des régimes alimentaires.

Si votre étude est l’une des plus denses sur le sujet, d’autres l’ont précédée. Ces dernières allaient-elles dans le même sens que vos conclusions ?

Oui, c’est le cas de l’alimentation plus végétale ((divers pays), de la diminution de l’exposition aux pesticides de synthèse (6 études dans divers pays), du risque de surpoids et obésité (en France, Allemagne et USA) ou de diabète de type 2 (aux USA) ou de risque de lymphomes chez les femmes (en Europe).

En définitive, quel avis votre étude porte-t-elle sur le bio ?

Les forts consommateurs bio ont plus grande conformité au concept d’alimentations durables (FAO, 2010): alimentation et nutrition, santé, impacts sur ressources et environnement). Les alimentations à base bio, avec leurs impacts réduits, doivent être associées à un changement pour des alimentations à base végétale.

Le coût d’achat de l’alimentation ne représente pas et de loin son vrai coût payé par les citoyen.ne.s (selon un rapport récent de la Fondation Rockefeller aux USA, le vrai coût de l’alimentation est trois fois supérieur au prix d’achat, en incluant les impacts négatifs sur la santé et l’environnement, et les aides). Ce n’est qu’en prenant en compte cela que l’on peut réellement parler de coût des systèmes alimentaires.

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