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J.-M. A.Lundi 10 novembre 2014L'Insee a présenté récemment une étude sur les soins de ville en Martinique. (Wilfrid Téreau)

L'Insee a réalisé une étude sur les soins de ville en Martinique en partenariat avec l'Agence régionale de santé (ARS). On y apprend notamment que les temps d'accès aux professionnels de santé libéraux sont satisfaisants mais que l'offre repose sur une faible densité médicale.

A-t-on plus de chance de trouver un dentiste à Schoelcher qu'à Ajoupa-Bouillon ? Faut-il effectuer de longs trajets pour se rendre chez un généraliste ? Tous les professionnels de santé acceptent-ils la couverture maladie universelle (CMU) ? Autant de questions auxquelles répond l'Insee qui a réalisé une étude sur les soins de ville en Martinique, en partenariat avec l'Agence régionale de santé (ARS). Elle a été présentée le 28 octobre dernier, à Fort-de-France, au siège régional de l'institut de la statistique.Dans cette étude, on apprend qu'en 2010, 257 médecins généralistes libéraux exerçaient dans l'île et que 98% de la population résidaient dans une commune où exerce au moins un médecin généraliste libéral. Cependant, six communes en étaient dépourvues : ces résidents mettaient 15 minutes au plus pour accéder à la commune équipée la plus proche. Autre enseignement : avec une densité de 67 médecins généralistes pour 100 000 habitants, la situation de la Martinique est similaire à celle d'un département rural comme l'Indre (centre de la France), mais aussi très urbanisé comme l'Essonne (Île-de-France). Avec une densité légèrement plus faible en Guadeloupe (65) et nettement plus basse en Guyane (45), les trois départements français d'Amérique (DFA) se placent dans les onze derniers rangs des départements français, très nettement en deçà de la moyenne nationale (85). Cette pénurie de médecins généralistes génère des difficultés d'accès aux soins en terme de disponibilité des médecins, d'où des délais de rendez-vous qui s'allongent. Une pénurie qui participe à la saturation des services d'urgence, ces derniers étant souvent sollicités pour des soins courants.
Moins de 40 médecins pour 100 000 habitants dans les zones fragiles. (Documents Insee)
NEUF COMMUNES NE DISPOSENT PAS D'UN PROFESSIONNEL LIBÉRAL SUR PLACEL'étude montre que la Martinique souffre aussi d'une insuffisance de l'offre de soins dentaires. Avec 37 professionnels libéraux pour 100 000 habitants, notre île se situe au 87e rang des départements, nettement en dessous de la densité nationale (59). Neuf communes ne disposent pas d'un professionnel libéral sur place, cependant, malgré les difficultés à prendre un rendez-vous, 98% de la population de l'île est couverte par un accès en moins de 15 minutes.Le recours à un infirmier est moins facile qu'en Guadeloupe où toutes les communes en sont équipées. En Martinique, quatre communes du nord de l'île en sont dépourvues. La densité y est néanmoins deux fois plus importante qu'au niveau national. À l'inverse, la densité de masseurs- kinésithérapeutes se situe 8 points en deçà de la moyenne nationale. Absents de sept communes sur 34, ils restent néanmoins accessibles à moins de 15 minutes pour 99% de la population.Les densités de médecins spécialisés que sont l'ophtalmologue, le gynécologue et le pédiatre restent proches du niveau national. De fait, ils sont dits accessibles s'ils exercent dans une commune située à moins de 45 minutes du lieu de résidence des patients, ce qui couvre entre 96,7% et 99,8% de la population dans ce délai. Cependant, pour ces spécialistes, le maillage du territoire, moins dense que celui des praticiens de premier recours, rallonge les temps d'accès.En 2010, près des deux tiers de la population pouvaient accéder à ces spécialistes en moins de 15 minutes, soit moins qu'au niveau national où ils sont trois quarts. L'insularité limite les déplacements pour se faire soigner et seulement 1% des actes est réalisé à l'extérieur du département. Les taux de consultation hors Martinique varient de 1 à 6 ?% selon la spécialité, et quatre actes extériorisés sur dix sont effectués en Ile-de- France.Plus de CMULe coût constitue un élément déterminant de l'accès aux soins pour les plus démunis. En médecine générale, pédiatrie et soins dentaires, plus de 30% des actes réalisés sont couverts par la CMU, soit des proportions 4 à 5 fois plus importantes qu'au niveau national.S'adapterEn 2030, les personnes de plus de 60 ans représenteront 34% de l'ensemble de la population, alors qu'elles étaient 20% en 2010. Ces évolutions nécessiteront une adaptation de l'offre médicale à une population dont les besoins de soins augmentent avec l'âge.Le remplacement des praticiens âgésEn médecine générale, à taux de recours constant par âge et sexe, le volume de soins augmenterait de 10% d'ici 2030. Si l'évolution en volume reste modérée, les besoins potentiels à l'horizon 2020 résulteraient principalement du remplacement des nombreux médecins qui partiront à la retraite. Près de la moitié des consultations (48%) ont été assurées par des médecins âgés de 55 ans et plus. Compte tenu du volume des actes réalisés auprès des praticiens de cette génération, leur part reste particulièrement importante à Schoelcher (67%) et au Robert (65%). L'enjeu du remplacement des professionnels libéraux est d'autant plus important en Martinique que l'âge moyen des médecins atteint 53 ans en 2013, soit deux ans de plus que la moyenne nationale. Des besoins croissants en matière de soins d'une population martiniquaise vieillissante, conjugués au vieillissement des praticiens, risquent de créer des tensions sur les professions médicales. En effet, en 2013, en Martinique, on dénombre 47 praticiens généralistes de moins de 40 ans pour 100 praticiens généralistes âgés de 60 ans ou plus et 50 spécialistes de moins de 40 ans pour 100 praticiens spécialisés âgés de 60 ans et plus...Une offre de soins inégale selon les territoiresLe Nord de la Martinique présente l'offre de soins de premier recours la plus insuffisante. La situation est plus critique du côté Atlantique, où résident 22% de la population, que du côté Caraïbe, la moins peuplée de l'île (6% de la population). Hormis pour les masseurs-kinésithérapeutes, toutes les densités sont en dessous des moyennes régionales. L'accès aux spécialistes est également plus difficile dans les territoires du Nord où seulement 4% d'entre eux sont installés. Il n'existe d'ailleurs aucun spécialiste côté Nord-Caraïbe. Les communes du Sud se démarquent légèrement des communes du Nord par une offre de soins plus favorable. Les densités de professionnels de premier recours sont certes un peu plus élevées qu'au Nord, mais demeurent nettement en deçà du territoire du Centre, qui de par sa proximité, compense un peu cette situation. Le Sud attire davantage de médecins spécialistes que le Nord : 9% d'entre eux y sont installés. Le territoire du Centre est le mieux doté en professionnels de santé libéraux : 45% d'entre eux y sont installés dont 27% dans la seule ville de Fort-de-France. La zone recense quatre des établissements du centre hospitalier universitaire de Martinique (CHUM), et regroupe 41% du total des séjours hospitaliers. De fait, elle dispose d'une offre de soins de premier recours plus conséquente que les autres territoires. Hormis pour les masseurs-kinésithérapeutes et les infirmiers, le Centre reste favorisé : toutes les densités sont supérieures aux moyennes régionales. La situation est identique pour les médecins spécialistes. Il en est de même pour les sages-femmes qui sont 42% à y exercer.

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