Snake Eyes : critique qui préfèrerait être aveugle

La couleuvre qui louche

Lorsqu'elle n'était qu'un dessin animé, la franchise G.I. Joe existait avant tout pour pouvoir vendre des jouets Hasbro à des enfants lobotomisés. Quand elle fut adaptée au cinéma en 2009 avec G.I. Joe : Le Réveil du Cobra, elle consistait surtout en une succession de scènes d'action avec des jouets qui explosent ainsi que des beaux gosses avec des belles gosses, les poitrines de ces dernières remplaçant les effets spéciaux pour distraire le public d'adolescents lobotomisés visé par le film. Snake Eyes : critique qui préfèrerait être aveugle Snake Eyes : critique qui préfèrerait être aveugle

Surfant sur la vague de l'engouement super-héroïque et fantasmant sur les possibilités offertes par le MCU, Paramount tente donc d'introduire son univers étendu en donnant une origin-story à Snake Eyes. Dans les deux premiers volets, ce ninja tout de noir vêtu était joué par Ray Park, interprète iconique de Dark Maul dans Star Wars : Episode I - La Menace fantôme. En plus de bénéficier des talents du cascadeur britannique, le personnage avait une qualité essentielle : il était totalement mutique, laissant les dialogues insipides à Channing Tatum et consorts.

Là tu me vois

Ici, non seulement il parle, mais il a désormais le droit à la tête d'Henry Golding et une origin-story particulièrement clichée : notre fringant samouraï frelaté aura donc le droit au trauma d'enfance du papa zigouillé et à la soif de vengeance qui guidera son destin et le scénario contre vents, marées et bon sens.

Alors qu'il poutre un musclor dans une cage pour de l'argent, Snake Eyes est repéré par Kenta, un yakuza qui lui propose de l'aider à retrouver l'assassin de son père s'il accepte de travailler pour lui. Alors qu'on lui demande d'exécuter Tommy, un héritier de la maison Arashikage infiltré dans le gang de Kenta, il décide de le sauver. Tommy, reconnaissant, l'invite dans la maison du clan Arashikage afin de lui faire passer des tests pour lui permettre de rentrer dans le clan. Mais Snake Eyes est en réalité infiltré pour le compte de Kenta. Saura-t-il éviter la trahison ?

Snake Eyes : critique qui préfèrerait être aveugle

Là tu me vois plus

Le premier gros problème de Snake Eyes, c'est son scénario, clairement destiné à des enfants de 4 ans qui supplieront leurs parents d'acheter les jouets Hasbro jusqu'à finir au congélateur. Les rebondissements sont tous plus téléphonés qu'un centre d'appels au Pakistan et les raisonnements des personnages n'ont aucune logique autre que de faire avancer le scénario. Les personnages en sont réduits à être des véhicules à intrigue, et aucun ne dépasse jamais le stade d'archétype ou d'outils narratifs.

Aucune action ne suscite des émotions, puisqu’on a juste l'impression de voir des cases cochées à chaque réplique prononcée. Pire encore, si les motivations du personnage principal nous sont clairement présentées, elles empêchent toute attache à ce dernier, réduit lui aussi à une fonction du récit. Son changement d'attitude arrivera au bout de près d'une heure et demie de film, sur un rebondissement tellement prévisible qu'on pourrait presque apercevoir le post-it du scénariste trainer sur le côté de l'écran.

The floor is avoir un scénario solide

Le serpent aux mille coutures visibles

Si le synopsis de Snake Eyes est aussi bancal, c'est aussi parce qu'il tente en permanence de vous rappeler qu'il est un film G.I. Joe comme un enfant à la morve abondante insistant pour connaître l'heure d'arrivée. Des références sont ainsi régulièrement faites aux JOE et à C.O.B.R.A, qui existe à la fois en toile de fond et comme personnages à part entière de l'histoire, à travers les personnages de Samara Weaving et Úrsula Corberó.

De manière aussi prévisible que le scénario, le film se prend les pattes dans sa tentative d'hybridation et finit le cul entre deux chaises sans avoir la souplesse d'un de ses artistes martiaux. Il ne choisit jamais vraiment ce qu'il veut raconter et bien qu'il tente de rattacher les wagons vers sa conclusion, on a encore l'impression d'avoir assisté à une mise en place laborieuse pour un prequel inutile. Une conclusion malheureusement devenue banale ces dernières années...

Très réalistes, ces figurines

Évidemment, on pourrait largement arguer qu'il s'agit essentiellement de commentaires de rageux, que Snake Eyes est d'abord un film de ninjas et que la priorité est avant tout d'installer un simili-fil rouge pour enfiler des scènes de combats dantesques. Mais pas de chance, la déception est tout aussi grande de ce côté-là. Le réalisateur allemand Robert Schwentke, à l'origine du sympathique Red et du mauvais R.I.P.D, n'a jamais brillé dans les scènes de gunfight et les scènes de corps-à-corps ne font pas exception.

Si certains combats décrochent un petit sourire en coin de lèvres, le peu de bastons qui parsèment le film ferait presque regretter l'époque des American Ninja. Le découpage semble totalement hasardeux, le montage ne met rien en valeur et a même l'effet inverse, soulignant l'effet "chacun son tour" des confrontations gentils-méchants. Le film propose pourtant des cadres géographiques potentiellement rigolos (un poids lourd transportant des voitures, une ruelle avec un look d'inspiration asiatique), mais les exploite tellement peu qu'on a l'impression d'assister à un mauvais rip-off de mauvais film Hong-Kongais.

Fast and Kung Fury-ous

Un bilan d'autant plus dommageable que le casting compte dans ses rangs de vrais artistes martiaux qui ont déjà démontré leur talent ailleurs. Mais Iko Uwais est traité comme une vieille pétoire rouillée de Tchekhov par le scénario, jusqu'au climax final où il a le droit de faire de l'écrasé de rotule le temps de quelques plans. Andrew Koji ne retrouvera ni la physicalité de Warrior ni son écriture puisque l'acteur a beau être investi dans son rôle, son personnage d'héritier aux lourdes responsabilités est écrit à la pelleteuse.

Le plus gros dommage collatéral reste sans doute Henry Golding. Si on était enchanté de le voir en porteur de blockbuster, le malheureux n'a strictement rien à jouer, se contentant de promener sa mine renfrognée et ses borborygmes gutturaux durant tout le long-métrage. Dans les moments d'arrogance pure du personnage, on se surprend presque à croire que tout ça n'est que l'origin-story d'Oeil Sec, son personnage dans The Gentlemen. L'idée vous aidera au moins à tenir les deux heures que dure Snake Eyes.

Snake Eyes est disponible en achat digital VOD depuis le 22 septembre 2021

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