Crise des sous-marins : l'ancien premier ministre australien critique la volte-face de son pays

«L'Australie a peut-être d'importantes raisons stratégiques ou techniques de changer d'avis, et de décider qu'elle a aujourd'hui besoin d'un autre type de sous-marins. Mais aucune de ces raisons ne peut justifier la façon dont elle traite aujourd'hui la France.» Dans une tribune publiée par Le Monde ce mardi 21 septembre, l'ex-premier ministre australien Kevin Rudd, en place de 2007 à 2010 puis de juin à septembre 2013, réprimande violemment la «volte-face» de l'actuel exécutif de son pays, déjà sous le feu des critiques de l'Union européenne.

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Les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni avaient annoncé mercredi 15 septembre un vaste partenariat de sécurité dans la zone indopacifique, comprenant notamment la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire à Canberra. Conséquence immédiate de cette annonce spectaculaire : la rupture par l'Australie d'un gigantesque contrat de 90 milliards de dollars australiens (56 milliards d'euros) passé auprès de la France en 2016, pour la livraison de 12 sous-marins à propulsion diesel.

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Cette décision «aggrave les tensions stratégiques en Asie du Sud-Est»

Crise des sous-marins : l'ancien premier ministre australien critique la volte-face de son pays

«J'estime que la décision du gouvernement de Scott Morrison est profondément discutable (...) Elle viole l'esprit et la lettre du partenariat stratégique adopté (en 2012, NDLR) par la France et l'Australie, juge l'ancien premier ministre dans cette tribune fleuve. Elle ne répond (également) pas à cette obligation contractuelle : consulter (l'industriel français) Naval Group » en cas de changement radical des «termes de l'appel d'offres». Canberra ne souhaite effectivement plus commander douze sous-marins à propulsion conventionnelle, mais huit sous-marins à propulsion nucléaire. «Il faut commencer par notifier son partenaire, reprend Kevin Rudd. Un manquement à cette règle équivaudrait à une tromperie. Or, il semble que le gouvernement Morrison a bel et bien omis d'en informer au préalable» Naval Group, accuse-t-il.

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«Un tel manquement n'est pas acceptable entre adversaires, il l'est encore moins entre alliés», tranche l'ancien chef du gouvernement, avant de tancer son successeur : «(Scott) Morrison a décidé de limiter les offres à la sphère anglophone. Ce qui n'a aucun sens si le but est d'utiliser au mieux l'argent des contribuables australiens. Ce qui n'est pas non plus juste vis-à-vis de nos partenaires stratégiques français.»

Pour Kevin Rudd, une telle «volte-face» «affecte les efforts de l'Europe afin de forger une stratégie commune pour faire face à l'essor (...) de la Chine», et «aggrave encore un peu plus les tensions stratégiques en Asie du Sud-Est». L'ex-premier ministre dénonce une «affaire d'État d'une importance majeure», qui ne «représente aucunement les sentiments (des) Australiens à l'égard de la France». Et d'affirmer : «Jean-Yves Le Drian a raison de qualifier le geste de Morrison de “coup dans le dos ”».

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