Vers le plus faible nombre d’avortements en 25 ans | JDM

Les avortements sont en forte diminution au Québec depuis le début de la pandémie, si bien que 15 000 procédures devraient être faites en 2021, du jamais-vu depuis 25 ans.

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En 2020, 17 285 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été réalisées au Québec, montrent les données de la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Il s’agit d’une baisse de 12 % par rapport à l’année précédente.

Or, entre janvier et juin derniers, seulement 7493 avortements ont été faits. Si la tendance se maintient, le total sera encore plus faible que l’an dernier. Jamais aussi peu d’avortements ont été enregistrés à la RAMQ depuis 1996, soit depuis 25 ans.

Selon plusieurs experts, la baisse drastique des activités sociales depuis la pandémie, dont le confinement et le couvre-feu, explique en bonne partie ce bilan.

« Clairement, on a vu une grosse diminution, réagit Patricia LaRue, directrice générale de la Clinique des femmes de l’Outaouais. Il y a eu moins de rencontres, moins de rapprochements. Même les couples qui vivaient chez leurs parents se voyaient moins. »

Meilleure contraception

Entre 2009 et 2019, les IVG étaient en forte baisse au Québec (-19 %). Parmi les explications, une hausse des installations de stérilet, qui permet une meilleure contraception à long terme.

« Ce sont des statistiques qui nous réjouissent, au moins on a une baisse des grossesses non désirées », dit la Dre Maude Gagnon, omnipraticienne spécialisée en santé de la femme.

Vers le plus faible nombre d’avortements en 25 ans | JDM

Elle souligne que 50 % des grossesses sont non planifiées au Canada, et que l’avortement est encore difficile à vivre.

« Les femmes ont de la peine, elles ne veulent pas revivre ça. [...] Que ce soit avant, pendant ou après, ça a des impacts qui ne sont pas banals sur la vie sociale et affective », soutient la médecin de Québec.

Depuis quelques mois, plusieurs cliniques d’avortement ont toutefois noté une augmentation de la demande.

Plus de détresse

Les intervenants interrogés par Le Journal n’ont pas noté de bris de services d’avortement durant la pandémie, sauf peut-être en région éloignée. Or, la détresse psychologique était parfois plus grande.

« On a vu plus de femmes dans une situation de contrôle par le partenaire. [...] Il y avait de la violence conjugale, beaucoup d’anxiété et d’isolement. Il y avait moins de cas, mais c’était plus intense », a noté Mme LaRue.

Le nombre de femmes en âge de procréer a aussi diminué depuis 20 ans au Québec.


Avortements au Québec

Prescriptions de pilules abortives

*Au 30 juin. Le chiffre pourrait être révisé à la hausse puisque les médecins ont jusqu’au 31 octobre pour envoyer une facture.

**Au 5 septembre 2021

Source : RAMQ

La pilule abortive est boudée par les femmes

La pilule abortive demeure encore marginale au Québec, alors que moins de 5 % des femmes choisissent cette option pour mettre fin à une grossesse, selon la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).

La pilule abortive a été prescrite seulement 670 fois en 2020, soit 4 % de toutes les interruptions volontaires de grossesse, selon les données de la RAMQ. À noter toutefois que ces données ne comprennent pas les doses remises à l’hôpital.

À la maison

Souvent reconnue comme une technique moins invasive que le curetage, la pilule abortive est disponible avant neuf semaines de grossesse. Or, malgré les risques d’attraper la COVID-19 en clinique, les femmes ne se sont pas tournées vers cette option depuis l’an dernier.

Pourtant, l’Association des gynécologues du Québec prévoyait que cette méthode deviendrait le choix de prédilection en début de grossesse, en 2019.

Photo courtoisiePatricia LaRue Directrice Clinique des femmes

« Nous, on explique les deux méthodes et on laisse le choix aux femmes, assure Micheline Dupuis, directrice de la clinique d’avortement l’Alternative. La pilule, c’est choisir de vivre ça toute seule, il y a plus de saignements. »

Or, à la Clinique des femmes de l’Outaouais, la pilule abortive a été choisie par 22 % des femmes qui souhaitaient mettre fin à une grossesse en 2020.

« C’est une question d’offre et d’organisation, croit Patricia LaRue, directrice de la clinique. C’est un bon choix quand c’est bien expliqué. »

Même pas offerte

Selon elle, certains établissements n’offrent même pas cette option, ce qui explique sa faible utilisation. Elle s’attend toutefois à ce que la pilule devienne plus populaire au cours des prochaines années.

Les médecins de famille qui veulent la prescrire doivent suivre une formation, ce qui constitue une limite à son utilisation.

Normalement, la femme doit subir une échographie avant d’avoir la pilule (pour confirmer l’avancée de la grossesse) puis retourner voir son médecin. Avec la pandémie, plusieurs suivis se sont toutefois faits au téléphone.

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